Paul VERLAINE
Paul Marie Verlaine, surnommé « le Prince des Poètes », est un poète français
Paul Verlaine est avant tout le poète des clairs-obscurs. L'emploi de rythmes impairs, d'assonances, de paysages en demi-teintes le confirment, rapprochant même, par exemple, l'univers des Romances sans paroles des plus belles réussites impressionnistes. C'est lui qui a lancé la notion de « poètes maudits ».
Paul Verlaine naît en 1844 à Metz, d’un père capitaine dans l’armée comme celui de Rimbaud et d’Elisa-Stéphanie Dehée. Au fil des garnisons, les Verlaine s’installent à Montpellier en 1845 puis à nouveau à Metz en 1848.
Le Paris de l’enfance et de l’adolescence de Verlaine se concentre sur la rive droite, plus précisément sur le quartier des Batignolles.
Ses parents arrivent dans la capitale en 1850 . Ils veulent offrir les meilleures études à Paul.
Entre 1853 et 1862, il est interne à la pension Landry, et se rend bientôt quotidiennement au lycée Bonaparte (aujourd’hui Condorcet) . Après une bonne scolarité, Paul découvre à 16 ans Baudelaire et l’absinthe.
Il fréquente le salon de la marquise de Ricard, 10 boulevard des Batignolles (et celui de Nina de Callias, 17 rue Chaptal, à partir de 1868).
La revue L’Art publie en novembre un grand article de Paul sur Baudelaire.
De la rue Lécluse, il rend visite à Mathilde Mauté chez ses futurs beaux-parents, 14 rue Nicolet. Mathilde lui inspire La Bonne Chanson.
Il fréquente les cafés et salons littéraires parisiens puis, en 1866, collabore au premier Parnasse contemporain et publie les Poèmes saturniens. On y sent l'influence de Baudelaire, cependant que s'y annonce déjà l'« effort vers l'Expression, vers la Sensation rendue » qui caractérise sa meilleure poésie. En 1869, les Fêtes galantes, des fantaisies évoquant le XVIII eme siècle de Watteau, confirment cette orientation. En 1870, il épouse Mathilde Mauté, à laquelle il vient de dédicacer La Bonne Chanson.
L'année suivante, Verlaine prend fait et cause pour la Commune de Paris, réprimée dans un bain de sang par le gouvernement d'Adolphe Thiers. Verlaine quitte Paris avec sa femme par crainte des représailles, et ce n'est que peu de temps après son retour à Paris, alors que le jeune couple est logé chez les parents de Mathilde, qu'Arthur Rimbaud surgit dans sa vie et vient la bouleverser. Verlaine quitte son épouse et part en compagnie du jeune poète pour l'Angleterre et la Belgique. C'est pendant ces voyages qu'il écrira une grande partie du recueil Romances sans paroles. En 1873, lors d'une dispute au domicile de sa mère à Bruxelles, il tire deux coups de revolver en direction de Rimbaud et le blesse d'une balle au poignet. Bien que Verlaine regrette immédiatement jusqu'à supplier Rimbaud de le tuer, ce dernier prend peur lorsque Verlaine le devance en pleine rue et qu'il porte sa main à son revolver. Rimbaud fuit et le dénonce à la police. Bien que Rimbaud ait retiré sa plainte, il est condamné à l'issue d'un procès relaté par la presse, à deux ans de prison, plus en raison de son homosexualité, alors condamnable, que de l'incident. Il les purge à Bruxelles et à Mons. Durant son séjour en prison, où il élabore la matière d'un recueil qui ne verra jamais le jour (Cellulairement), son épouse obtient la séparation de corps dont la procédure avait été lancée dès 1871. C'est en prison qu'il se convertit au catholicisme, au lendemain d'une nuit mystique. À sa sortie, il se rend à nouveau en Angleterre.
En 1883, il publie dans la revue Lutèce la première série des « poètes
maudits » (Stéphane Mallarmé, Tristan Corbière, Arthur Rimbaud) qui contribue à le faire connaître. Avec Mallarmé, il est traité comme un maître et un précurseur par les poètes du symbolisme
et par les décadents. En 1884, il publie Jadis et Naguère qui marque son retour sur l'avant-scène littéraire, bien que le recueil soit essentiellement composé de poèmes antérieurs à
1874.
En 1885, dans les Déliquescences d'Adoré Floupette, Gabriel Vicaire et Henri Beauclair le consacrent officieusement chef d'école des Décadents. En '1886, il collabore à la Revue contemporaine d' Édouard Rod. À partir de 1887, alors que sa célébrité s'accroît, il plonge dans la misère la plus noire. Les productions littéraires de ses dernières années sont purement alimentaires. À cette époque, il partage son temps entre le café et l'hôpital. En 1894, il est couronné « Prince des Poètes » et doté d'une pension. Usé prématurément, il meurt en 1896, à Paris à l'âge de 52 ans. Le lendemain de son enterrement, plusieurs quotidiens relatent un événement curieux : dans la nuit qui a suivi les obsèques, la statue de la Poésie, au faîte de l'Opéra, a perdu un bras qui s'est écrasé, avec la lyre qu'il soutenait, à l'endroit où le corbillard de Verlaine venait de passer.
Je me suis promené dans le petit jardin
Qu'éclairait doucement le soleil du matin,
Pailletant chaque fleur d'une humide étincelle.
Rien n'a changé. J'ai tout revu : l'humble tonnelle
De vigne folle avec les chaises de rotin...
Je jet d'eau fait toujours son murmure argentin
Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle.
Les roses comme avant palpitent; comme avant,
Les grands lys orgueilleux se balancent au vent,
Chaque alouette qui va et vient m'est connue.
Même j'ai retrouvé debout la Velléda,
Dont le plâtre s'écaille au bout de l'avenue,
- Grêle, parmi l'odeur fade du réséda.