Le tsar Nicolas II et sa famille réhabilités par la justice russe
La Cour Suprême de Russie a réhabilité mercredi les membres de la famille impériale Romanov. Selon elle, ils ont été
victimes de la répression politique bolchevique. Après avoir été faits prisonniers, le dernier tsar russe Nicolas II, son épouse et leurs cinq enfants ont été exécutés par la Tcheka, la
police politique de Lénine, le 17 juillet 1918 à Ekaterinbourg, dans l'Oural.
La justice a donc enfin répondu favorablement à une plainte déposée en 2005 par l'avocat de la grande duchesse Maria Vladimirovna, qui vit à Madrid et affirme être l'héritière de Nicolas
II. Sa plainte avait été rejetée à plusieurs reprises, mais elle avait toujours fait appel.
"La Grande Duchesse a exprimé sa joie et sa satisfaction" car "elle a toujours été convaincue que cette question serait réglée en Russie et refusait de s'adresser à des tribunaux
internationaux", a indiqué son représentant en Russie Alexandre Zakatov. Et de poursuivre : "Les forces politiques qui avaient freiné pendant plusieurs années la réhabilitation de la
famille impériale n'ont pas réussi à s'opposer au respect de la loi." Selon Guerman Loukianov, l'avocat de la Grande Duchesse, cette dernière n'a pas pour autant l'intention de réclamer
la restitution des biens impériaux.
"Continuité historique" (Patriarcat de Moscou)
Cette décision, longtemps attendue, a été saluée par les descendants de la famille impériale et l'Église orthodoxe russe.
Ivan Artsichevski, représentant d'une autre branche de descendants des Romanov dirigée par le prince Nikolaï Romanovitch, en tension avec Maria Vladimirovna, a lui aussi exprimé sa joie,
tout minimisant la portée de la décision. "Le fait que l'État russe ait reconnu sa responsabilité pour ce meurtre est un pas vers un repentir général et la réhabilitation de toutes les
victimes innocentes" des bolcheviks. Mais Romanovitch soutient que la réhabilitation avait déjà eu lieu de fait lorsque les restes du tsar et de sa famille ont été solennellement inhumés
en 1998 à Saint-Pétersbourg, et lors de leur canonisation par l'Église orthodoxe comme martyrs en 2000.
Quant au porte-parole du Patriarcat de Moscou, Gueorgui Riabykh, il salue une décision qui, "sans aucun doute (...) aura
des conséquences importantes pour la Russie moderne, car elle renforce la priorité de la loi et restaure la continuité historique".
Les sentiments à l'égard de Nicolas II ont évolué depuis la chute de l'Union soviétique en 1991, mais un des derniers sondages sur le sujet, en 2005, montrait que 56 % des Russes portaient encore un regard très critique sur lui.