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les chroniques d'Istvan

histoire

Histoire de la Grèce aux XIXe et XXe siècles

7 Juillet 2008 , Rédigé par Istvan Publié dans #Histoire


L'accession à l'Indépendance

Le Congrès de Vienne avait instauré un statu quo géopolitique en Europe. Cependant, il n'avait pas tenu compte des aspirations nationales. Diverses nationalités, incluses dans des États multiethniques et conscientes de leur différence avec la nationalité dominante, cherchaient à obtenir leur indépendance. Ce fut le cas des Grecs, inclus dans l’Empire ottoman depuis le début du XVeme siècle.

Au moment où une première vague de protestation traversait l'Europe, au tournant des années 1820, la Grèce se souleva contre les Turcs. Le 25 mars (fête nationale grecque de nos jours) 1821, l'archevêque de Patras, Germanos leva l'étendard de la liberté. Ce fut le début de la Guerre d'indépendance grecque.
Après une série de premières victoires, une première Assemblée Nationale se réunit à Épidaure et proclama l'indépendance le 12 janvier 1822. Cette Assemblée vote une Constitution démocratique qui crée le premier gouvernement général de la Grèce, mais sans supprimer les gouvernements locaux. Elle justifie la Révolution, qu’elle qualifie de « Révolution nationale ». La contre-attaque ottomane fut sans pitié : massacre de Chios et destruction de Psara. Surtout, le sultan fit appel à son vassal égyptien, Mehmet Ali qui dépêcha son fils Ibrahim Pacha. Ce dernier reprit aux Grecs insurgés la quasi-totalité du pays.

En 1827, la Grèce indépendante se réduisait à Hydra et Nauplie. Cependant, les Russes, non sans arrières-pensées politiques et géostratégiques, ne voulaient pas abandonner leurs frères orthodoxes grecs. Dans les pays occidentaux, le sort des Grecs avait ému les philhellènes, tels que Lord Byron ou Chateaubriand. France, Royaume-Uni et Russie intervinrent en faveur des Grecs : bataille navale de Navarin (20 octobre 1827). La bataille de Navarin n’est en réalité que le prélude d’une guerre russo-turque qui éclate quelques mois plus tard. La Turquie est vaincue et obligée par le Traité d’Andrinople (14 septembre 1829) de reconnaître l’autonomie de la Grèce. Il y a une conférence de Londres (1830), qui décide d’un Etat grec indépendant. La Grèce fut déclarée indépendante. L'Empire ottoman ne reconnut cet état de fait qu'en 1832, alors que les frontières du nouvel Etat ne sont pas encore tracées.

La monarchie bavaroise


Les puissances qui avaient apporté leur aide à la Grèce dans la lutte pour son indépendance, France, Royaume-Uni et Russie tenaient à retirer des bénéfices de leur intervention. La vie politique et économique du pays passa très vite sous le contrôle des États qui s'autoproclamèrent "Puissances Protectrices".

Une de leurs premières décisions fut de refuser aux Grecs le libre choix de leur régime et de leur chef d'État. Alors que la Troisième Assemblée Nationale réunie à Trézène avait opté pour une République, dirigée par Ioannis Kapodistrias, les Puissances Protectrices imposèrent la monarchie et le second fils du roi de Bavière Louis Ier, Othon, comme souverain.


Celui-ci arriva en Grèce à bord d'un navire de guerre britannique. Il était accompagné de 4 000 soldats bavarois, d'un Conseil de Régence (il était mineur) bavarois et d'architectes bavarois qui entreprirent de redessiner Athènes, choisie comme nouvelle capitale. Commença alors la période de la xénocratie. Le chef du gouvernement, Ludwig von Armansperg, un Bavarois, est plus particulièrement détesté.

Othon gouverna d'abord de façon autoritaire, instaurant une monarchie absolue de droit divin, et refusant d'accorder la constitution promise. Le pays fut malgré tout modernisé : réorganisation (voire organisation tout court) de l'administration, de la justice, d'une armée régulière, de l'Église et de l'enseignement (création de la première université de Grèce (1837). Cette politique était facilitée par les prêts nombreux et importants que les Puissances Protectrices accordaient à la Grèce. Ces prêts, ainsi que l'intervention directe des Ambassades dans la vie politique (création de partis politiques dits parti français, parti anglais ou parti russe), faisaient que la Grèce était surtout gouvernée depuis Londres, Paris ou Saint-Pétersbourg.


Mais, si les Puissances Protectrices avaient su se mettre d'accord pour aider à l'indépendance de la Grèce, elles divergeaient quant à la direction à lui faire prendre ensuite. Surtout, la Russie cherchait à utiliser la Grèce dans sa tentative de démantèlement de l'Empire ottoman (visant à garantir à la Russie un accès aux mers chaudes), alors que le Royaume-Uni voulait maintenir l'intégrité de celui-ci (au moins jusqu'au moment où il serait prêt à le remplacer).
La Grèce s'engagea dans la guerre turquo-égyptienne, aux côtés de Mehmet Ali, le Pacha d'Égypte, qui voulait se séparer définitivement d'Istanbul. Les dépenses militaires ruinèrent littéralement le pays. Les Puissances Protectrices imposèrent des conditions plus qu'humiliantes au règlement de la dette extérieure

De la première à la deuxième Constitution (1843-1862)


Les défaites militaires dans la guerre turquo-égyptienne, les conditions imposées par les puissances protectrices ainsi que le mécontentement des vétérans de la guerre d'indépendance écartés du pouvoir par la xénocratie amenèrent au coup d'État du 3 septembre 1843. Cette insurrection, pacifique, se résuma pratiquement à la demande respectueuse adressée au souverain Othon d'avoir la magnanimité d'accorder une Constitution. Le général Dimitrios Kallergis, commandant de la garnison d'Athènes, accompagné d'une foule compacte se rendit au palais royal déposer la demande de la constitution promise par Othon lorsqu'il était monté sur son trône. Le roi céda.

Si la Grèce était dotée d'une constitution (dite de 1843), elle ne fonctionna cependant pas de façon parlementaire. Le roi, soutenu par son Premier Ministre Ioannis Kolettis gouverna la plupart du temps contre la majorité élue à la chambre.
De plus, le jeu des Puissances Protectrices ne s'était pas arrêté. Leurs divisions allèrent même en s'accentuant (Guerre de Crimée 1854-1855). De plus, le problème de la dette extérieure n'était toujours pas réglé et servait de prétexte aux interventions étrangères. En 1850, le Royaume-Uni entama un blocus maritime de la Grèce. Ce blocus fut accentué pendant la Guerre de Crimée. De même, France et Royaume-Uni occupèrent le Pirée pendant ce conflit. L'occupation dura jusque 1859, c'est-à-dire jusqu'à la mise en place d'une commission de contrôle des finances du Royaume.

En février 1861, un étudiant Aristeidis Dosios tenta d'assassiner la reine Amalia. Il fut condamné à mort mais sa peine fut commuée en détention perpétuelle sur intervention de la souveraine. Si Dosios devint dans certains milieux un héros national, sa tentative d'assassinat fit renaître une certaine sympathie pour la reine et le couple royal.


L'année suivante, un coup d'État eut lieu à Athènes alors que les souverains étaient en visite royale dans le Péloponnèse. Othon et Amalia, sur les conseils des ambassadeurs des Puissances Protectrices, durent fuir la Grèce à bord d'un navire de guerre britannique.


Un référendum, non officiel eut lieu. Il demandait aux Grecs quel nouveau souverain ils désiraient se donner. Ils choisirent le second fils de la reine du Royaume-Uni Victoria, le prince Alfred qui reçut 230 016 voix sur 244 202 suffrages exprimés. Christian Guillaume Ferdinand Adolphe de Schleswig-Holstein-Sonderburg-Glücksburg (second fils de Christian IX de Danemark), le futur Georges Ier ne recueillit que 6 voix. Le prince Alfred fut cependant écarté par les Puissances Protectrices. Il faisait en effet partie de la famille régnante de l'une d'elles. Elles choisirent donc, après maintes tergiversations, le Danois, futur Georges Ier.


En compensation, le Royaume-Uni rétrocéda les Îles ioniennes à la Grèce.
  

Une modernisation ?

Le coup d'État de 1862 et l'élection de Georges I er  s'accompagnèrent de la mise en place d'une nouvelle constitution en 1864. Elle étendait les libertés accordées en 1844, mais le roi conservait un immense pouvoir, en partie parce que la constitution restait très vague à ce sujet, principalement en politique étrangère. La vie politique sous Georges I er  resta pratiquement la même que durant le règne d'Othon.


La situation économique et sociale particulière de la Grèce : agriculture dominante et industrialisation faible fit que la fonction publique, grâce au développement de l'État, devint le principal employeur. Le nombre de fonctionnaires par habitant était alors le plus élevé d'Europe. Comme dans la plupart des pays du monde (France de Guizot ou États-Unis par exemple) au XIX eme siècle, ces postes n'étaient pas accessibles par concours, mais par protection. Ils étaient souvent distribués par les élus (le Parlement grec avait aussi proportionnellement un très grand nombre de députés) en échange de voix et/ou de services politiques rendus.


Les élections étaient alors très âprement disputées, puisqu'au delà du pouvoir politique, se jouaient aussi des emplois. Un gouvernement stable ne pouvait non plus exister dans ces conditions : entre 1870 et 1875, on assista à 4 élections législatives et 9 changements de gouvernements (et donc d'administration).

"Grande Idée", "Grand Schisme" et "Grande Catastrophe"

La Grande Idée (Megáli Idéa) est la volonté de réunir toutes les populations grecques dans l'État grec. Le but final était la reconquête de la capitale historique et de l'orthodoxie : Constantinople.

Constantin Ier

Le Grand Schisme fait référence à la rupture politique entre le roi Constantin Ier , pro-allemand et son Premier Ministre Eleftherios Venizelos, pro-Entente lors de la Première Guerre mondiale. Il en résulta d'abord la création d'un second gouvernement installé à Thessalonique par Eleftherios Venizelos. Ensuite, il fut procédé à un changement de souverain : Constantin fut remplacé par son deuxième fils Alexandre en 1917.

Alexandre I er

À la mort de ce dernier, Constantin remonta sur le trône en 1920. Il en fut chassé en 1922 par un coup d'État. Son fils aîné Georges lui succéda. Il régna un peu plus d'un an avant de prendre un congé à durée indéterminée. En 1924, la Première République grecque fut proclamée.

Constantin Ier

Tous ces changements politiques étaient en fait plus ou moins liés à la Première Guerre mondiale qui commença plus tôt et finit plus tard pour la Grèce. En effet, les guerres balkaniques commencèrent dès 1912. La Première Guerre mondiale se poursuivit jusqu'en 1923. Le traité de Sèvres était une avancée pour la Grèce sur la voie de la Grande Idée. La Grèce tenta d'imposer à l'Empire ottoman toutes les clauses concernant l'Asie Mineure. Elle se heurta alors à la Turquie de Mustafa Kemal Atatürk qui venait de prendre le relais de l'Empire ottoman moribond. Atatürk profita de cette guerre pour s'imposer. Le traité de Lausanne, qui sanctionna la défaite militaire grecque en Asie Mineure entraîna la Grande Catastrophe.

La reine Sophie de Grèce

Afin d'éviter toute reprise des hostilités et de limiter toute animosité future entre Grecs et Turcs, on décida à Lausanne de procéder à un échange de populations afin de les homogénéiser. Les Grecs présents en Turquie devaient partir pour la Grèce et les Turcs présents en Grèce devaient partir pour la Turquie. Cela causa de nombreux drames. Les personnes déplacées, issues le plus souvent des classes populaires, durent quitter leur lieu de naissance et finalement leur patrie (terre de leurs ancêtres). Il fut aussi très difficile de déterminer qui était grec et qui était turc : on décida que la religion serait la définition de la nationalité. Un Orthodoxe, même s'il ne parlait que le turc, était considéré comme grec et déplacé vers la Grèce. Un Musulman était considéré comme turc. Au total, 1 200 000 "Grecs" quittèrent la Turquie et 500 000 "Turcs" quittèrent la Grèce. Cela causa un immense afflux de population en Grèce : Afin d'éviter toute reprise des hostilités et de limiter toute animosité future entre Grecs et Turcs, on décida à Lausanne de procéder à un échange de populations afin de les homogénéiser. Les Grecs présents en TurquieLe Pirée connut par exemple une énorme explosion urbaine. Rien n'ayant été réellement prévu pour accueillir une telle quantité de réfugiés, les conditions de vie de ces derniers furent très longtemps précaires.

Régime du 4 août

Metaxás imposa à l'origine son régime pour lutter contre la situation d'instabilité sociale qui prévalait dans la Grèce des années 1930, la démocratie parlementaire ayant dégénéré en querelles de factions politiques. La perte de crédibilité du Parlement s'accompagnait de plusieurs tentatives de coup-d'état; en mars 1935, un putsch venizeliste avait échoué et les élections d'octobre avaient renforcé la majorité royaliste, ce qui permit le retour d'exil du roi Georges II de Grèce. Le roi rétablit la monarchie mais le Parlement, divisé en factions inconciliables, fut incapable de dégager une majorité politique claire permettant au gouvernement de fonctionner. Par ailleurs l'activité grandissante des Communistes, en position d'arbitrage grâce à leurs 15 députés des élections de 1936 face à 143 Monarchistes et 142 Libéraux, Agrariens et Républicains, créa une impasse politique.

George II

En mai de la même année, l'agitation qui se propagea dans les milieux agricoles(tabaculteurs) et industriels au Nord conduisit le chef du gouvernement, le général Metaxás, à suspendre le parlement à la veille d'une importante grève, le 4 août 1936. Soutenu par le roi, Metaxas déclara l'état d'urgence, décréta la loi martiale, abrogea divers articles de la constitution et établit un cabinet de crise afin de mettre un terme aux émeutes et de restaurer l'ordre social. Au cours de l'un de ses premiers discours, il annonça: "j'ai décidé de prendre tout le pouvoir nécessaire pour sauver de la Grèce des catastrophes qui la menacent."

La famille royale hellène vers 1914. Au centre, on peut voir la reine Sophie et le roi Constantin Ier de Grèce avec, autour d'eux, les futurs rois Paul Ier, Alexandre Ier et Georges II de Grèce ainsi que les futures reines Hélène de Roumanie et Irène de Croatie.

La dictature Metaxas fut ainsi instituée, et la période qui allait suivre fut nommée d'après la date à laquelle il s'empara des pleins pouvoirs: le 4 août. Le nouveau régime était soutenu à la fois par de petits partis politiques extrémistes et par les conservateurs, avec l'espoir d'un crackdown des Communistes.

La fin du régime 

La politique étrangère était l'une des préoccupations majeures du régime. Métaxas, qui avait étudié en Allemagne dans sa jeunesse, était pro-allemand, de même que le roi. Mais la sécurité du pays dépendait dans les faits de son protecteur traditionnel, la Grande Bretagne, qui était la superpuissance dominante en Méditerranée Orientale grâce à sa flotte. En outre, le projet grandiose de Mussolini de créer un nouvel Empire Romain en Méditerranée heurtait de front les prétentions grecques à contrôler l'Egée et des îles du Dodécanèse (alors sous domination italienne) et à exercer une influence croissante en Albanie.

La reine Elisabet de Grèce

Tandis que la guerre semblait de plus en plus probable en Europe à la veille de la seconde guerre mondiale, la situation pour la Grèce était identique à celle de la première guerre mondiale, le gouvernement ayant de fortes affinités pro-germaniques alors que le pays dépendait de l'Angleterre pour sa sécurité. La plupart des observateurs s'attendaient à ce que la Grèce essaie de rester neutre, ce que Metaxas tenta effectivement. L'expansionnisme italien aboutit cependant à un ultimatum inacceptable pour la Grèce.

Metaxa se rendit alors populaire en répondant simplement "Όχι" ("Non"), probablement en référence au laconisme des anciens spartiates. Le jour du Non est actuellement l'une des 2 fêtes nationales grecques, avec le jour de l'indépendance.

Lors de la guerre italo-grecque qui s'ensuivit, l'invasion italienne fut repoussée et l'armée grecque occupa même une partie de l'Albanie (alors sous domination italienne).

Le régime prit fin après l'invasion allemande en 1941, Metaxas étant lui-même décédé en janvier de cette année, et fut remplacé par un gouvernement de collaboration sous tutelle allemande

Guerre civile grecque
  • La Résistance pendant la Seconde Guerre Mondiale 

Un puissant mouvement de résistance anti-nazi, le Front National de Liberation (EAM), fut fondé le 27 septembre 1941. Des citoyens de toutes opinions démocrates, des militants socialistes, des syndicalistes, des membres des partis communiste de Grèce et de la démocratie populaire en furent à l'origine. L'EAM organisa une armée de Résistance, qui prit le nom d'ELAS (Armée populaire de libération nationale,  où la force dominante était le Parti Communiste de Grèce, le KKE.

D'autres mouvements de résistance, minoritaires, étaient animés par des officiers et des conservateurs (EKKA, EDES, monarchistes du général Zervas), mais ils ne formèrent pas un front uni contre l'occupation. L'EAM les inquiétant fortement avec ses projets de réforme sociale et l'influence des communistes.

L'ELAS administra certains maquis (notamment en Macédoine occidentale, qu'Allemands et Italiens ne contrôlèrent jamais complètement), procéda à des réformes sociales et mena sans relâche le combat contre les troupes mussoliniennes, nazies et contre les gouvernants collaborationnistes grecs (non reconnus par la population ni par le gouvernement en exil au Caire).
Un Conseil National des régions libérées a été élu le 30 avril 1944 à Korischades, par 1.800.000 électeurs. .

En Égypte, la majorité de l'armée régulière grecque en exil au Caire avec le gouvernement royaliste, souhaitait mettre en place un régime démocratique républicain d'union nationale, alors que son état-major soutenu par les Alliés aspirait à restaurer le régime royaliste autoritaire. La tendance républicaine fut réprimée par les Britanniques qui procédèrent à une épuration de tout le corps militaire grec en avril 1944.

Le poids de l'EAM étant devenu primordial dans la Résistance, l'accord du Liban signé en mai 1944 prévoyait un gouvernement d'union nationale..

Durant l'été 1944, alors qu'Anglo-Saxons et Soviétiques avaient déjà ébauché des zones d'influence à la Conférence de Téhéran (décembre 1943) mais n'avaient encore rien entériné (la Conférence de Yalta n'aura lieu qu'en février 1945), les communistes constituèrent un gouvernement grec clandestin qui cesssa de reconnaître le roi et le gouvernement grec du Caire.Le roi Georges II répondit en formant avec le libéral vénizéliste Georges Papandréou, un gouvernement de coalition composé de toutes les tendances.

En Octobre 1944, aussitôt après la retraite des forces allemandes, Winston Churchill, pour éviter d'être mis devant le fait accompli d'un passage de la Grèce au communisme, fit débarquer au Pirée la brigade britannique du général Scobie qui exigea le désarmement de l'ELAS et sa dissolution. Mais la résistance communiste, aguerrie par 3 ans de combat contre les Allemands dont elle avait récupéré l'armement, engagea le combat contre les Anglais et domina rapidement la quasi totalité de la Grèce, à l'exception de Salonique et d'Athènes: ce fut la Première Guerre civile grecque. Elle cessa en février 1945, suite à la Conférence de Yalta, lorsque Staline demanda à l'EAM-ELAS d'accepter la trêve de Varkiza et la régence exercée par le métropolite d'Athènes : Monseigneur Damaskinos, jusqu'au retour du roi George II qui eut lieu après un plébiscite (septembre 1946). 

Lorsque la Guerre froide commença à opposer les alliés, Staline demanda aux communistes de rompre la trêve: ce fut la Seconde Guerre civile grecque. Sous la conduite du commandant Markos, soutenu par la Yougoslavie et le bloc soviétique, l'EAM-ELAS établit un gouvernement révolutionnaire à Konitza en Épire. De 1946 à 1949, de violents combats se poursuivirent dans des conditions atroces, entre les communistes et le gouvernement soutenu par l'Angleterre, puis les États-Unis. La rupture entre Tito et Staline laissant Markos sans ressources, les partisans communistes durent déposer les armes en octobre 1949.

Paul I er, roi des Hellènes succéda le 1 er  avril 1947 à son frère aîné le roi Georges II . Il épousa en 1938 la princesse Frederika de Hanovre.

Dictature des colonels

  • Une vie politique instable

Au début des années 1960, la vie politique grecque fut rendue très instable. Malgré une large victoire (53 % des voix) aux élections de 1964, l'Union des Centres de Georges Papandréou n'avait pas pu gouverner plus de dix-huit mois. Le jeune roi Constantin II intervint contre le Premier Ministre légalement élu en le renvoyant en juillet 1965. Cette réaction faisait partie d'une série de tentatives royales pour reprendre en mains les rênes du pays.



Cela fut rendu possible parce qu'un membre du parti de Georges Papandreou, Constantinos Mitsotakis fit sécession avec un nombre considérable des nouveaux élus. En Grèce, on parla d'Apostasie. Ce même Mitsotakis devint Premier ministre en 1989.

D'autre part, Georges Papandreou, perçu également en Grèce comme un démocrate de longue date, aspirait à détenir le poste de ministre de guerre, chose qui plaisait peu au Palais.

Ce renversement de l'Union des Centres avait été rendu possible par des membres de ce même parti qui cherchaient à exercer le pouvoir pour leur propre compte. On assista alors à toute une série de gouvernements plus ou moins éphémères entre juillet 1965 et avril 1967.

Papandreou et Panagiotis Kanellopoulos, les leaders de l'Union des Centres et de l'ERE (Union Nationale Radicale, parti jusque là majoritaire) tentèrent de trouver un accord pour sortir de la crise qui menaçait de se prolonger. L'idée était de former un gouvernement qui expédierait les affaires courantes et organiserait de nouvelles élections. Cette solution ne put être mise en place à cause du coup d'État des colonels.

  • Le coup d'État des colonels 

La monarchie est alors soutenue par les États-Unis, malgré son incapacité à moderniser le pays. Des troubles se développent devant le refus du roi de confier le pouvoir aux forces progressistes.

Parmi les nombreux troubles se situent la mort du député Gregoris Lambrakis et celle de l'étudiant Sotiris Petroulas. L'affaire Lambrakis a fait ensuite l'objet d'un livre puis d'un film : Z.

Ces troubles politiques aboutirent au coup d'État des colonels le 21 avril 1967.

Ce 21 avril, des officiers emmenés par le colonel Yeóryos Papadópoulos prennent le pouvoir par la force et abolissent la constitution. Leur tâche fut facilitée par la désorganisation du monde politique, le discrédit des institutions et l'inertie du palais royal.

En décembre 1967, le roi tenta de reprendre la main par un contre-coup d'État avec le soutien de généraux. Son échec obligea le roi Constantin II à s'exiler avec sa famille à Rome.

Liste des rois des Hellènes

 

  • Maison de Wittelsbach
  1. 7 mai 1832 - 10 octobre 1862 : Othon  er  avec le titre de Roi de Grèce

Maison d'Oldenbourg 

Avec le titre de Roi des Hellènes :

  • 31 octobre 1863-18 mars 1913 : Georges Ier
  • 18 mars 1913-14 juin 1917 : Constantin Ier
  • 14 juin 1917-25 octobre 1920 : Alexandre Ier

1920 : Régime républicain

  • 19 décembre 1920-28 septembre 1922 : Constantin Ier
  • 28 septembre 1922-25 mars 1924 : Georges II

1924-1935 : Régime républicain

  • 25 novembre 1935-31 décembre 1944 : Georges II

1944-1946 : Régence

  • 1er septembre 1946 -1er avril 1947 : Georges II
  • 1er avril 1947-3 mars 1964 : Paul Ier
  • 3 mars 1964-13 décembre 1967 : Constantin II
  • 13 décembre 1967-1972 : Régence du général Georges Zoitakis
  • 21 mars 1972 - 1er juin 1973 : Régence du général Yeóryos Papadópoulos puis république proclamée

le prince Pavlos, diadoque de Grèce
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Empire Allemand

30 Juin 2008 , Rédigé par Istvan Publié dans #Histoire


L’Empire allemand était le régime politique du Reich allemand, le premier État-nation de l’histoire allemande, de 1871 à 1918. C’était une confédération constitutionnelle issue de la Confédération de l'Allemagne du Nord et réunissant dans le cadre de la « solution petite-allemande » vingt-deux monarchies et trois républiques ainsi qu'une « terre d'empire », l’Alsace-Lorraine, sous l'autorité d’un empereur allemand, également roi de Prusse. Il fut fondé le 18 janvier 1871 par la proclamation comme empereur de Guillaume 1er  de Prusse au château de Versailles après la défaite française lors de la guerre franco-allemande de 1870. Il prit fin le 9 novembre 1918 par l'abdication de l’empereur Guillaume II à l'issue de la Première Guerre mondiale et la proclamation de la république de Weimar.


Il était parfois appelé le Deuxième Empire afin de l’inscrire dans la tradition du Saint Empire Romain Germanique, le « Premier Empire ».
États confédérés 
 

Les États composant l'Empire allemand étaient :

  • Royaumes : La Prusse, la Bavière, le Wurtemberg et la Saxe.
  • Grands-duchés : Bade, Hesse, Mecklenburg-Schwerin, Mecklenburg-Strelitz, Oldenburg et Saxe-Weimar-Eisenach
  • Duchés : Anhalt, Brunswick, Saxe-Altenbourg, Saxe-Coburg-Gotha et Saxe-Meiningen-Hildburghausen
  • Principautés : Lippe-Detmold, Reuss branche aînée, Reuss branche cadette, Schaumbourg-Lippe, Schwarzbourg-Rudolstadt, Schwarzbourg-Sondernshausen, Waldeck-Pyrmont
  • Villes libres : Brême, Hambourg, Lübeck.
  • À cela s'ajoute le territoire d'empire d'Alsace-Lorraine ainsi que l'Empire colonial allemand.

Système politique

L'Empire allemand a été organisé par la constitution du 16 avril 1871, modifiée le 19 mars 1888. Elle repose, pour une large partie, sur la constitution de la Confédération de l'Allemagne du Nord qui était une œuvre de Otto von Bismarck.


L'empereur allemand est le chef de l'armée et de la marine ; il promulgue les lois et dirige la diplomatie. Il nomme un chancelier impérial (Reichskanzler), qui n'est responsable qu'envers lui, c'est-à-dire qu'il ne dépend pas du parlement élu. C'est, en réalité, le chancelier qui est le maître absolu de l'administration impériale et du gouvernement, puisqu'il préside le Bundesrat ; ministre unique, il décide de l'orientation de la politique et il propose à l'empereur la nomination ou la révocation des secrétaires d'État, des hauts fonctionnaires qui dirigent selon ses ordres les administrations gouvernementales. Les chanceliers sont aussi ministres-présidents de la Prusse.

Les autres organes de l'Empire sont le Bundesrat et le Reichstag.

Le Bundesrat représente les gouvernements des vingt-cinq États ; il est composé de cinquante-huit représentants nommés par les chefs des gouvernements provinciaux, et de trois représentants pour l'Alsace-Lorraine désignés par le Statthaler (ou lieutenant de l'Empereur). Elle est présidée par le chancelier impérial. Elle vote les lois, élabore le budget et contrôle les finances. La Prusse y dispose d'une minorité de blocage et peut imposer son point de vue au reste de l'Empire.

Le Reichstag, élu pour trois ans, puis à partir de 1888 pour cinq ans, représente le peuple allemand. Il est élu au suffrage universel mais n'a que l'initiative indirecte des lois, et surtout aucun moyen d'action sur le chancelier.

Dans les dernières semaines du régime, le parlementarisme sera instauré par la réforme d'Octobre.

Histoire 

  • La période de fondation

Le 18 janvier 1871, dans une France vaincue, l’Empire est proclamé dans la galerie des Glaces du château de Versailles et  Guillaume I er, roi de Prusse, devient empereur allemand. On appelle période fondation (Gründungszeit) la période correspondant au règne de Guillaume I er , jusqu’en 1888, et au mandat d’Otto von Bismarck comme chancelier impérial.

Dès sa création, l’Empire est marqué par des crises graves. Bismarck voit un peu partout des ennemis du nouveau régime : les catholiques regroupés dans le parti du Zentrum et contre lequel il mène le Kulturkampf ; les Polonais de la province de Posnanie ; les Français d’Alsace-Lorraine ; les Welfes de Hanovre ; les socialistes qui se forment en Parti social-démocrate (SPD). Après deux attentats contre l’empereur en 1878, mais commis par des individus agissant seul, Bismarck fait voter par les conservateurs et les libéraux du Reichstag, le 18 octobre 1878, une loi qui interdit les associations socialistes, social-démocrates ou communistes visant le « renversement de l’autorité de l’État ou de l’ordre social établis », ainsi que leurs journaux, leurs rassemblements et leurs membres qui sont menacés d’exil.

En même temps, Bismarck mène une politique sociale visant à apaiser certaines revendications sociales et à diminuer l’audience de la social-démocratie : le 15 juin 1883, la loi sur l’assurance maladie est adoptée.

 

  • La période wilhelmienne

Le 9 mars 1888, Guillaume I er meurt à l’âge de quatre-vingt-onze ans. Son fils Frédéric III, déjà atteint d’une maladie incurable, lui succède sur le trône et meurt après cent jours de règne le 15 juin. Son successeur, Guillaume II, âgé de vingt-neuf ans et petits-fils de Guillaume Ier, accède alors au trône. On appellera cette année l’année des Trois Empereurs. On qualifie de wilhelmienne la deuxième phase de l’Empire, correspondant au règne de Guillaume II. Elle est marquée par la primauté de l’empereur dans la politique, notamment en politique extérieure où la prudence bismarckienne cède le pas à la Weltpolitik.

Le 18 mars 1890, Bismarck soumet une demande de mise en congé à l’empereur en raison du conflit qui les oppose en politique extérieure. Deux jours plus tard, le 20 mars 1890, il est démis de ses fonctions de chancelier impérial et de ministre-président de la Prusse, et le général Leo von Caprivi lui succède.


Le chancelier von Caprivi ne prolonge pas la loi antisocialiste.

La chute de l’Empire

À la fin de la Première Guerre mondiale, la révolution de Novembre provoque la chute du régime impérial. Le 9 novembre 1918, le chancelier Maximilian von Baden, après avoir décrété l’abdication de l’empereur Guillaume II et la renonciation au trône du prince héritier Wilhelm, démissionne et transmet ses pouvoirs à Friedrich Ebert, chef des sociaux-démocrates majoritaires. Le même jour, la république est proclamée par Philipp Scheidemann.

A la mort de son père le Kronprinz en 1951, Louis Ferdinand de Prusse, (en allemand Louis Ferdinand von Preußen), né en 1907, mort en 1994, devint le chef de la famille impériale d'Allemagne.

Fils de Guillaume de Prusse et de Cécilie de Mecklembourg-Schwerin. En 1938, il épousa Kira Kyrillovna de Russie.

Louis Ferdinand de Prusse  ést  le grand-père de l'actuel chef de la Maison impériale d'Allemagne, le prince Georges Frédéric de Prusse.

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Louis II de Bavière et son oeuvre !

16 Juin 2008 , Rédigé par Istvan Publié dans #Histoire


Ce que la Bavière doit à Louis II durant son règne

Contrairement aux idées reçues, le roi Louis II de Bavière ne s’est pas seulement illustré dans le domaine de l’art. On a trop tendance à oublier que son œuvre est aussi celle du progrès social accompli sous son règne. La Bavière lui doit en 1874 la création avec le concours de sa mère de la toute nouvelle association de la Croix Rouge, la première en Allemagne.

Louis est à l’origine de la construction de la synagogue de Munich. Il est l’un des seuls à son époque à défendre la parité confessionnelle et le droit des Juifs, comme l’atteste sa correspondance avec Wagner. A sa mort, le grand rabbin prononcera un discours chargé de reconnaissance. Le roi agrandit l’école Polytechnique en 1877, et fonda en 1876 le Maximilaneum, lieu d’instruction égalitaire aux frais de la couronne pour les étudiants méritants, quel que soit leur rang social. Il améliora la condition sociale des plus démunis en créant des soupes populaires. Il créa un système d’assistance aux malades comparable à la sécurité sociale.


Il créa des associations pour la protection des animaux et de l’environnement .Il finança de sa poche la première « charte allemande d’hygiène ».En 1881, il demanda à Bismarck un rapport sur la condition des ouvriers au sein de l’Empire. Les énormes chantiers que constituaient ses châteaux ont fait vivre pendant près de vingt ans plus de 200 personnes, uniquement sur le site de Neuschwanstein. Il faut donc multiplier ce chiffre par presque trois. Sous son règne, l’artisanat bavarois connut ses heures de gloire grâce à ses nombreuses commandes et projets. Les exemples de ses engagements sont en fait innombrables et se doivent d’être inclus dans l’ensemble de son œuvre.

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Histoire des Pays-Bas

9 Juin 2008 , Rédigé par Istvan Publié dans #Histoire



Antiquité 

Plusieurs peuplades habitaient le territoire actuels des Pays-Bas et de la Belgique. Outre les Belgae et les Frisons, les Francs et les Saxons, il y avait les Bataves.

Pays-Bas bourguignons et espagnols

Les Pays-Bas bourguignons sont l'ensemble des Dix-sept Provinces acquises par les ducs de Bourgogne (dynastie des Valois) entre le XIV ème siècle et XVI ème siècle. On les désignait alors comme les « États de par-deçà » ou les « pays bas » pour les distinguer des «  États de par-delà », les possessions plus hautes et plus méridionales de Bourgogne et Franche-Comté. 

Les Pays-Bas espagnols sont les territoires possédés par le roi d'Espagne entre le XVI ème siècle et le XVIII ème siècle.


 Ils correspondraient aujourd'hui approximativement à la Belgique (à l'exception de la Principauté de Liège), au Luxembourg, aux Pays-Bas actuels, ainsi qu'au Nord-Pas-de-Calais.

Les Pays-Bas bourguignons sont pleinement devenus espagnols par la Pragmatique Sanction de 1549 et l'abdication de Charles Quint le 16 janvier 1556.

La République des Provinces-Unies 

C'est en 1579 que l'indépendance des Provinces-Unies est consacrée par l'Union d'Utrecht. La République ainsi créée comporte un ensemble de sept provinces (plus leurs dépendances) comportant chacune un Parlement ainsi qu'un gouverneur. Ces provinces sont indépendantes les unes des autres, et peuvent lever les impôts ainsi que des armées séparément. La jeune République des Provinces-Unies ne sera reconnue qu'en 1596 par la France et en 1648 par l'Espagne. Au Sud des Provinces-Unies, le pays de la Généralité (comprend l'actuelle Zélande, Brabant du Nord) forme alors un glacis stratégique entre les Pays-Bas espagnols au sud (la future Belgique) et les Pays-Bas protestants et calvinistes au Nord conduits par Amsterdam.


Le cas des Provinces-Unies à la fin du XVI ème siècle est tout à fait particulier, puisque c'est le jeune roi Guillaume de Nassau (du nom de son fief dans l'Empire Germanique) qui va mener une véritable révolution, connue sous la nom de "Guerre de Trente Ans" de 1555 à 1584, conduisant les Provinces-Unies à l'indépendance. Dès lors, les Pays-Bas vont entrer dans la période du "Gouden Eeuw", Siècle d'Or caractérisé par la prospérité économique et culturelle ainsi que par la fierté des Hollandais défiant les monarchies voisines (France et Angleterre notamment).

La Compagnie des Indes

Au XVI ème siècle le Portugal et l´Espagne deviennent grâce à leur colonialisme respectif les premières puissances européennes et des puissances mondiales. Des 1580 les Néerlandais lanceront des raids sur le Brésil, et s'empareront du Nordeste de 1630 à 1661, ce qui leur permettra d´acquérir d´immense plantations de sucre. Les Hollandais seront de redoutables pirates des mers et arriveront maintes fois à détourner des marchandises de navires d´autre nations européennes. En 1608 les bataves forment des sociétés par  (dont la compagnie des Indes orientales et celle des Indes occidentales) qui se lancent dans le commerce des épices avec l´Inulinde et l´Inde mais aussi dans la traite négrière. Les bataves s'empareront des comptoirs portugais en Angola et ainsi ce seront les Néerlandais qui amèneront les premiers esclaves africains en Virginie. Dès 1619 les Néerlandais fondent à java le comptoir de Batavia et supplantent les portugais dans le commerce des épices avec l´Insulinde et s´assurent un monopole.


Vers 1625, le navigateur Pierre Minuit achète l'île de Manhattan à des Indiens pour une valeur de 50 florins. À la suite de 2 guerres contre les Anglais, la colonie de la Nouvelle-Amsterdam construite en face de l'île sera reprise par l'Angleterre et renommée New York. Les Néerlandais ont récupéré nombre de connaissances en géographie, cartographie et dans la construction navale et d'autres navigateurs hollandais laisseront leurs noms dans l'histoire et la géographie : Abel Tasman qui explora le sud de l'Australie, Willem Schouten qui découvrit le cap Horn, Hudson, Baffin, Abel Dirrecksen, etc.

Les navigateurs hollandais 

En 1652 en Afrique du Sud, les explorateurs hollandais trouvèrent commode d'installer un comptoir permanent pour y faire escale lors des retours en provenance des Indes Orientales, et c'est ainsi que le Cap fut fondé. La côte sud-africaine fut rebaptisée par la suite : Windhoek ("le coin venteux") en Namibie, Franshoek ("le coin des Français") ou Vereniging ("réunion") en Afrique du Sud, pôles majeurs du futur État du Transvaal où les Boers ("fermiers") séjourneront et établiront les bases raciales de l'apartheid.

Le commerce des épices dans l'Empire des Indes se révèle lucratif, à tel point que la Compagnie néerlandaise des Indes orientales devient une menace pour le royaume, dont elle rachète allègrement les colonies (Aruba) afin d'étendre ses compétences. À la tête de cette compagnie, les "Messieurs Douze", véritables gouverneurs dont le pouvoir politique est immense. En 1625 est fondée la Compagnie Néerlandaise des Indes Occidentales, spécialisée dans le commerce des fourrures venues d'Amérique du Nord notamment. L´essor colonial favorise la création de manufactures, raffineries de sucre. On fabrique tissu, armes, verre pour l´échanger contre des esclaves.

L'Empire des Indes évolue lui aussi : la ville de Batavia (actuellement Jakarta) est bâtie à l'image d'Amsterdam, (canaux, pignons de style hollandais), de même pour Bandoeng (dont la prononciation explique l'orthographe française, Bandung). Au XVII ème siècle, les navires hollandais sont les mieux armés du monde, en partie grâce au succès de la Compagnie des Indes.

Culture et patrimoine : l'héritage du siècle d'or 

C'est au Siècle d'Or que s'expriment tous les talents : dans le domaine maritime, les Provinces-Unies sont pionnières en matière de technologies. Le sextant (inventé au XVII ème  siècle par un pasteur calviniste d'Amsterdam), le yacht (abusivement prononcé à l'anglaise) ainsi que de nombreux termes de marine (foc, etc.) sont autant de témoignages de la créativité des Provinces-Unies au Siècle d'Or. De plus, les Hollandais sont les seuls au XVII ème siècle à maîtriser l'armement de navires de manière aussi rapide, ce qui fait d'eux des ennemis redoutables en plus de marins expérimentés (amiraux Tromp et de Ruyter notamment).


Amsterdam devient un haut lieu de culture et de recherche scientifique, ce qui est permis notamment par la grande liberté de mœurs propre aux Hollandais et à leur héritage calviniste. Les scientifiques européens viennent à Amsterdam pour pouvoir y étudier les sciences de l'anatomie  De nombreuses religions sont tolérées à Amsterdam qui rassemble aussi bien protestants (les Français viennent notamment s'y réfugier en 1685 après la révocation de l'édit de Nantes par Louis XIV) que catholiques, sectes (marranes, Juifs du secret). Il s'agit de créer une République puissante, basée sur le rassemblement de toutes les communautés.

Les Provinces-Unies deviennent également le siège des artistes : Rubens, Rembrandt de Leiden, Vermeer de Delft qui vont s'imposer comme les grands maîtres de l'école hollandaise du XVII ème siècle, Van Goyen, Van Ostade, Willem Claeszoon Heda (natures mortes), Van Eyck (portraits dont les fameux Époux Arnolfini), les Van de Velde père et fils (scène de batailles marines), Frans Hals, Gerrit Berckheyde, Jan Steen, Van Ruysdael, Meindert Hobbema…

Le siècle d'Or des Pays-Bas s'est imposé comme la période charnière de l'histoire des Pays-Bas : siècle de prospérité tant économique et culturelle que militaire. Le modèle social hollandais qui n'a pourtant aucune prétention à s'exporter en Europe va cependant susciter la jalousie des États voisins, notamment la France de Louis XIV qui déclarera la guerre aux Provinces-Unies à la fin du XVII èee siècle,  scellant par là la fin de la période de gloire et de prospérité des Provinces-Unies.


La période franco-batave

En 1793, la Convention nationale française déclare la guerre à l'Angleterre et les Provinces-Unies. Après une première tentative de Dumouriez, les armées françaises commandées par Pichegru envahissent en 1795 le Brabant, Utrecht et la Hollande à la faveur de l'hiver qui gèle les canaux. Le stathouder Guillaume V d'Orange fuit le 19 janvier. Les patriotes bataves se soulèvent dans les grandes villes et épurent les administrations municipales. Ils fondent la République batave. Alliée à la France dans la guerre contre l'Angleterre, la République batave devient rapidement un de ses satellites. L'influence française sur le pays se fera sentir jusqu'en 1813.

La première Assemblée nationale se réunit le 1 er  mai 1796 et travaille à l'élaboration d'une constitution. Un premier projet est rejeté par référendum en août 1797. Le 22 janvier 1798, un coup d'État épure l'Assemblée qui rédige un nouveau projet inspiré par la constitution française de l'an III qui est adopté en avril. Le 12 juin, un nouveau coup d'État chasse du pouvoir les rédacteurs de la constitution, d'inspiration jacobine, et place au gouvernement des modérés. En 1801, un troisième coup d'État a lieu pour imposer une nouvelle constitution, moins jacobine et plus fédérale. Fatigué par les oppositions rencontrées par son ambassadeur Sémonville avec le gouvernement batave, Napoléon Bonaparte confie à Rutger Jan Schimmelpenninck la tâche de rédiger une nouvelle constitution, qui est promulguée en avril 1805. Schimmelpenninck devient le chef de l'État, le grand-pensionnaire.

Un an plus tard, Napoléon force la disparition de la République batave en replaçant le grand pensionnaire par son frère Louis Bonaparte, qui devient roi de Hollande. Jusqu'en 1810, le nouveau roi essaie de résister aux exigences de son frère mais il finit par abdiquer en juillet. La Hollande est alors annexée par la France et divisée en départements français.

En 1813, les armées françaises sont chassées des départements hollandais et le fils du dernier stathouder débarque à Scheveningue. Il devient roi des Pays-Bas en 1815 sous le nom de Guillaume I er.


Le royaume des Pays-Bas


Le royaume des Pays-Bas a été fondé lors du congrès de Vienne de 1815 sous le nom de « Royaume-Uni des Pays-Bas ». Il rassemblait alors les actuels territoires du Benelux ainsi que les colonies néerlandaises, dont la plus importante était les Indes orientales néerlandaises, actuelle Indonésie. Son premier roi fut Guillaume d'Orange-Nassau, un des vainqueurs de la bataille de Waterloo. Le royaume avait 2 capitales : Amsterdam et Bruxelles.


En 1830, la Belgique, peuplée de catholiques qui supportaient mal le règne du protestant Guillaume I er, se souleva et obtint son indépendance du royaume pour former le nouveau royaume de Belgique, qui intégrait également la moitié occidentale du Luxembourg. La moitié orientale resta unie au royaume des Pays-Bas jusqu'en 1839, date à laquelle elle fut érigée en État indépendant, le grand-duché de Luxembourg, membre de la confédération germanique. Le Luxembourg et le royaume des Pays-Bas restèrent toutefois jusqu'en 1890 en union personnelle, c'est-à-dire partageant le même souverain.

Guillaume II (La Haye, 6 décembre 1792 - Tilburg, 17 mars 1849). Il fut prince d'Orange, roi des Pays-Bas, duc de Limbourg et grand-duc du Luxembourg de 1840 à 1849.

Fils de Guillaume Ier des Pays-Bas et de Wilhelmine de Prusse, il épousa en 1816 la grande-duchesse Anna Pavlovna de Russie (1795-1865), (fille de Paul Ier de Russie).

Guillaume III au (19 février 1817 - 23 novembre 1890) roi des Pays-Bas et grand-duc du Luxembourg du 12 mai 184914 novembre 1890. Fils de Guillaume II des Pays-Bas et de Anna Pavlovna de Russie.

En 1839, il épousa Sophie de Wurtemberg (1818-1877).

 En 1890, à la mort de Guillaume III, le fils de Guillaume II, prend fin la succession au trône en ligne directe masculine et s'éteint l'union personnelle entre la Maison d'Orange et le Luxembourg, la loi salique en vigueur dans ce pays excluant les femmes de la suc­cession (rappelons que les rois des Pays-Bas avaient été jusqu'alors grands-ducs du Luxembourg). De 1890 à 1898, la régence est assurée par la reine Emma, épouse de Guillaume III. En 1898, sa fille Wilhelmine (1880-1962) atteint sa majorité et accède au trône.


Les Pays-Bas restent neutres pendant la Première Guerre mondiale. Après la guerre, ils poursuivent leur politique de stricte neutralité, ce qui n'empêchera cependant pas l'invasion du pays par l'armée allemande en 1940. Pendant cinq longues années, les Pays-Bas subissent l'occupation. La reine Wilhelmine se réfugie en Angleterre, où elle joue un rôle actif en tant que symbole de la résistance contre l'occupant.

La Seconde Guerre mondiale qui vit l'effondrement de l'armée néerlandaise et le contrôle de ses colonies orientales par les Japonais, marqua le déclin de l'antique puissance commerciale néerlandaise. En 1945 l'indépendance de l'Indonésie fut proclamée par Sukarno, poussé par les Japonais se retirant du pays. S'ensuivit un conflit de quatre ans au terme duquel les Pays-Bas furent conduits à reconnaître l'indépendance indonésienne.

En 1948, après un règne qui aura duré cinquante ans, elle abdique en faveur de sa fille Juliana.


En 1980, le reine Juliana abdique à son tour en faveur de sa fille aînée, Beatrix, la souveraine actuelle.


Les Pays-Bas, qui ont été une grande puissance coloniale jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, voient leurs colonies s'affranchir peu à peu : l'Indonésie obtient l'indépendance, le Surinam et les Antilles Néerlandaises, dans les Caraïbes, signent en 1954 le Statut du Royaume, qui fait d'eux des partenaires à part entière des Pays-Bas, ceux-ci gardant néanmoins toute compétence en matière de défense et de relations extérieures. Le 25 novembre 1975, le Surinam devient à son tour une république indépendante. Depuis le 1 er janvier 1986, Aruba, l'une des îles qui, avec Curaçao, Bonaire, Saint-Eustache, Saba et Saint-Martin, constituait les Antilles Néerlandaises, bénéficie d'un statut distinct, le status aparte, qui en fait un partenaire à part entière des Pays-Bas et des Antilles Néerlan­daises au sein du Royaume.

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7 juin 1905 : La Norvège indépendante

7 Juin 2008 , Rédigé par Istvan Publié dans #Histoire


Le Storting, le parlement norvégien, abolit à l'unanimité l'union avec la Suède. Le pays avait été rattaché à la Suède en 1814, sur une décision du Congrès de Vienne. En novembre, un plébiscite accordera la couronne au prince Charles de Danemark, successeur direct des rois norvégiens du Moyen Age. Aujourd'hui, la Norvège 
coopère étroitement avec l'
Union européenne, bien qu'elle ait refusé d'en devenir membre.



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Le Graal

7 Juin 2008 , Rédigé par Istvan Publié dans #Histoire



Étymologie

À l'origine le mot « Graal » désigne un plat large et assez profond, un récipient creux. Une origine supposée est que le mot « Graal » viendrait du latin médiéval cratella, « vase » qui désigne, en ancien français, une coupe ou un plat creux. Pour d'autres, le mot « graal » ou « grasal » désigne un plat creux destiné à servir les viandes riches en jus. Mario Roques a découvert plus d'une cinquantaine de formes, toutes issues du latin gradalis dans les parlers locaux des pays d'oïl, comme greal, greau, gruau, griau, grial, grélot, graduc, guerlaud, etc. Le Languedoc a conservé grasal ou grésal, qui par métathèse est devenu de gradal le mot gardale dans le Sud-Ouest. Tous ces mots désignent un récipient creux aux usages divers. Le mot gradal était utilisé avec ce sens en 1150 comme le montre Michel Roquebert. Le mot graal est aussi trouvé avec ce sens en 1204. Saint-Graal peut provenir de sangréal = sang réal = sang royal. Le sang du Christ ayant été en théorie recueilli dedans.

Le Graal dans la littérature médiévale

Plus spécialement, le Graal est, dans la tradition médiévale chrétienne, postérieure à Chrétien de Troyes, une mystérieuse coupe aux pouvoirs magiques, et l'objet d'une quête menée par les Chevaliers de la Table Ronde. La première mention écrite est donnée à la fin du XII ème siècle par le romancier Chrétien de Troyes dans son roman Perceval ou le Conte du Graal. Chrétien de Troyes mourut avant d'avoir pu terminer cet ouvrage que lui avait commandé le Comte de Flandres Philippe d'Alsace. Plusieurs auteurs reprirent et continuèrent l'histoire de Perceval et du Graal, ce qui finit par donner un ensemble de plus de cinquante mille vers. La première continuation a été attribuée à un certain Wauchier de Denain, viennent ensuite celles de Gauvain, Manessier, Gerbert (probablement de Montreuil). En réalité, le nom des continuateurs est inconnu, on leur a donné un nom par commodité. Robert de Boron écrivit sur le même thème « Joseph ou l'Estoire dou Graal », puis parut en franco-picard « Perlesvaus ou Haut livre du Graal » et finalement le « Parzival » de Wolfram von Eschenbach. Il faut noter que curieusement et assez subitement vers 1230 le thème du Graal ne donnera plus lieu à de nouveaux développements littéraires. Pour Michel Roquebert, tous les développements autour de la quête du Graal coïncident avec la croisade contre les Cathares du Languedoc, et constituent de la sorte une machine de guerre idéologique.

La nature de cet objet légendaire a connu de nombreuses évolutions : pierre, coupe, etc. Sa forme de coupe résulterait initialement d'une évolution de la figure du chaudron du Dagda de la mythologie celtique. Ce chaudron, plein de sang bouillant, servait à conserver la « lance vengeresse », une arme capable de dévaster à elle seule des armées entières. Ce n'est qu'au début du XIII eme siècle que le récipient évoqué par Chrétien de Troyes se christianise : Robert de Boron l'assimile au Saint Calice des Évangiles (la coupe utilisée par le Christ lors de la Cène), donnant ainsi naissance au « Saint Graal ». Ancré dans la culture populaire, le Graal inspirera pléthore d'œuvres. La lance vengeresse, elle aussi christianisée, est devenue la lance de Longin, le soldat qui a percé le flanc du Christ.


Une énigme symbolique

Le Graal, que certains considèrent comme un avatar christianisé du chaudron du Dagda – talisman antique de la mythologie celtique – apparaît pour la première fois sous forme littéraire dans Perceval ou le Conte du Graal de Chrétien de Troyes (XII eme siècle). Perceval, dans le château du Roi Pêcheur (le « Roi Méhaignié ») voit un valet tenant une lance noire avec une goutte de sang qui perlait de sa pointe de fer, deux autres jeunes hommes tenant des chandeliers d'or fin incrustés de nielles, une belle demoiselle tenant un graal (qui répandit une telle clarté que les chandelles en perdirent leur éclat), d'or fin très pur enchâssé par des rubis rouge sang . Perceval échoue à l'épreuve du Graal puisqu'il garde le silence devant cette apparition, au lieu de demander pourquoi la lance saigne et à qui on apporte ce récipient .


Aucune signification de cette énigme symbolique n'est avancée par Chrétien de Troyes. Ses continuateurs interpréteront chacun à leur façon, en rattachant généralement ce récipient au sacré chrétien.

Une continuation du texte, la Rédaction courte de pseudo-Wauchier de Denain, explique que le Graal donne à chacun les nourritures qu'il désire, et l'associe avec la Sainte Lance qui a percé le flanc du Christ sur la croix . Pour Wolfram von Eschenbach, comme il le présente dans son Parzival, le Graal est une pierre dont le nom ne se traduit pas : « Lapsit Exillis ». Certains auteurs ont voulu le traduire par « Lapis Exilis » ou « Lapis Ex Coelis ». Lapis exilis, lapis ex coelis, émeraude tombée, selon la légende, du front de Lucifer, qui, creusée en vase, recueillit le sang du Christ s'écoulant des cinq plaies.

Enfin, c'est Robert de Boron, au début du XIII eme siècle, qui explique dans L'estoire dou Graal que le Graal n'est autre que le Saint Calice, c'est-à-dire la coupe avec laquelle Jésus-Christ a célébré la Cène et dans laquelle a ensuite été recueilli son sang, coupe évoquée, sans lui donner de nom, par de nombreux écrits apocryphes tels les Gesta Pilati ou le Pseudo-Évangile de Nicodème.


Emporté en terres lointaines (voire sur l'île de Bretagne) par Joseph d'Arimathée, le « Saint Graal » (le Graal en tant que Saint Calice) devient le centre d'un mystère (car l'objet est d'abord caché puis perdu) auquel certains élus participent autour d'une table ronde — d'où l'intégration dans les récits de la Table ronde. Cette christianisation de la légende du Graal est parachevée par la Queste del Saint-Graal, roman anonyme écrit vers 1220, probablement par un moine, qui fait du Graal la Grâce divine. Effectivement selon la légende, celui qui boit dans cette coupe accède à la vie éternelle.

Légendes autour de Joseph d'Arimathie

Robert de Boron a écrit en vers, une légende du Graal mettant en scène Joseph d'Arimathée (en partie inspirée d'un texte apocryphe du IV eme siècle, l'Évangile selon Nicodème), et qui a inspiré d'autres légendes (le développement de l'écriture en prose a permis le développement de l'écriture de ces légendes).

Selon certaines de ces légendes, un juif (ou un homme de Ponce Pilate) aurait dérobé le Saint Calice au Cénacle puis l'aurait remis à Ponce Pilate. Certaines légendes ajoutent même que Pilate y aurait puisé l'eau avec laquelle il s'est lavé les mains.


Dans toutes ces légendes, Joseph d'Arimathée recueille dans le Saint Calice (que Ponce Pilate lui a remis ou qu'il est allé chercher au Cénacle), quelques gouttes du sang émanant de la plaie faite aux côtes de Jésus par un coup de lance (les évangiles parlent bien de cette plaie; l'Évangile de Nicodème donne le nom du soldat qui infligea le coup de lance : Longin. Le fait que Joseph d'Arimathée ait recueilli le sang du Christ est uniquement décrit dans les légendes.

Joseph d'Arimathée est ensuite capturé et mis au cachot (généralement, le soir même (Vendredi saint), vers la dixième heure, l'Évangile selon Nicodème révèle en effet cet épisode, cela dit certaines versions de la légende situent son arrestation trois jours après, lorsqu'on s'apercevra que le Christ a disparu du tombeau.

Il est raconté que Jésus est apparu à Joseph d'Arimathée (le Vendredi soir à minuit, précisent l'Évangile selon Nicodème ainsi que certaines légendes).

Dans certaines légendes, Jésus lui remet le Saint Calice (soit il le lui rend à nouveau, soit il le lui donne pour la première fois).

Tandis que, dans l'Évangile selon Nicodème, Jésus « téléporte » Joseph d'Arimathée chez lui en lui demandant de ne pas bouger de là pendant quarante jours, dans la légende il reste enfermé dans son cachot, pendant trente à quarante ans (dans certaines légendes, une colombe vient déposer tous les jours une galette dans la coupe).


Les différentes interprétations données au Graal 

  • Le Graal et les alchimistes 

L'ouvrage de l'alchimiste Fulcanelli Le Mystère des Cathédrales donne du Graal une interprétation initiatique. La compréhension s'élargit a la seule condition d'avoir reçu une initiation maçonnique dans les règles de l'art. Les initiations ont pour but de réveiller des symboles cachés qui se transmettent de façon très particulière et souvent par la douleur. Le Graal existe mais dans le vécu de l'initié c'est quelque chose de tellement particulier et effroyable qu'on ne peut l'exprimer. Non pas dans le sens de la crainte d'un quelconque châtiment mais l'homme est en contact avec lui même. Il sait ce qu'il est et ce qu'il a été. Toute tentative d'explication est vaine ; plus il essaie d'expliquer, plus il est incompris au point de se sentir face à des juges.

  • Le Graal et les sciences

La quête du Graal a aussi un sens moderne beaucoup plus concret : il décrit un objectif difficilement réalisable, mais qui apportera au monde des nouvelles connaissances ou permettra une application originale sur la matière. Ainsi, en physique, on qualifie la théorie de grande unification (Théorie du tout) de « Graal des physiciens ». Encore, la compréhension du mécanisme par lequel les gènes contrôlent la physionomie des organes serait le « Graal des généticiens ».

  • Le Graal , un objet symbolique

Le Graal est un objet mystérieux :

  • C'est un objet caché : personne ne l'a vu et il n'aura réellement accompli son rôle qu'après avoir été retrouvé.
  • C'est un objet sacré aux pouvoirs puissants : seul un être pur pourra le trouver et en prendre possession.
  • Selon certaines légendes, sa découverte annonce la fin des Temps Aventureux.
Interprétations allégoriques

Dans les années 1980, Henry Lincoln, Michael Baigent et Richard Leigh donnent une interprétation allégoriqueessai L'Énigme sacrée. Selon eux, le Graal serait une métaphore pour désigner une descendance cachée qu'aurait eu Jésus, du fait d'une supposée union avec Marie-Madeleine. Saint-Graal serait en l'occurrence une déformation de Sangréal signifiant « sang royal », dans le sens de « lignée royale ». Ce pourrait être aussi, par métonymie, Marie-Madeleine elle-même en sa qualité de « porteuse » de cette descendance (la fonction du Graal à « recueillir le sang du Christ » étant en cela censée arborer un statut de métaphore).
Cette interprétation sera notamment reprise par Lynn Picknett et Clive Prince pour leurs travaux publiés en 1997La Révélation des Templiers, et par Dan Brown dans son roman Da Vinci Code où il laisse un hommage caché à Michael Baigent et Richard Leigh à travers le personnage de sir
toute personnelle du Graal dans leur sous le titre de Leigh Teabing, Leigh étant le nom de l'un et Teabing, une anagramme de Baigent.

Une autre interprétation a été proposée par Jean Markale mais est controversée : pour lui le terme médiéval Sangréal peut se lire « San gréal » (saint Graal, la lecture habituelle) mais aussi « Sang réal » (sang royal), ce qui établirait un lien avec la dynastie du roi Pellès).

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Louis XVII est-il mort au Temple ?

28 Mai 2008 , Rédigé par Istvan Publié dans #Histoire


L'enfant mort dans la prison du Temple, le 8 juin 1795, était-il bien Louis XVII, héritier du trône et fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette ? Sur sa mort, les rumeurs les plus folles ont couru : échanges d'enfants, prétendants surprise, impostures et retournements de situations… Durant plus de deux siècles, le mystère a perduré. Où en est-on aujourd'hui ?

La naissance d'un mystère

L'enfant du donjon du Temple

Le 13 août 1792, le maire de Paris conduit la famille royale vers son ultime résidence, la prison du Temple. Le Dauphin, qui n'a alors que sept ans, passe des fastes de Versailles au donjon du Temple. Le 21 janvier 1793, Louis XVI est guillotiné : le Dauphin devient Louis XVII. Héritier du trône mais toujours enfermé, il est rapidement séparé du reste de sa famille. On le confie au cordonnier Simon qui l'éduque comme un sans-culotte. En 1793, pendant le procès de Marie Antoinette, il témoigne contre sa mère : inceste, incitation à la débauche, vices en tout genre sont reprochés à la reine, qui est exécutée le 16 octobre 1793.


En 1794, en pleine Terreur jacobine, le traitement de l'enfant est durci. Le petit Louis est livré à lui-même : gardé par quatre commissaires, il vit dans un cachot que la lumière du jour n'atteint pas. Il ne se lave pas, ne se change pas, vit misérablement, et bientôt, son état de santé s'aggrave. Au mois de mai 1795, le docteur Desault, médecin-chef de l'Hôtel-Dieu, raconte : "J'ai trouvé un enfant idiot, mourant, victime de la douleur la plus abjecte, de l'abandon le plus complet, un être abruti par les traitements les plus cruels et qu'il est impossible de rappeler à l'existence."
Le 8 juin 1795, après de longs mois d'agonie, l'enfant meurt dans les bras d'un de ses geôliers. L'autopsie, pratiquée le lendemain, révèle que l'enfant est mort d'une tuberculose généralisée très douloureuse. Il n'avait que 10 ans
.

Les rumeurs

Les hypothèses les plus fantaisistes mais aussi les thèses les plus solides n'ont cessé d'affirmer que le petit garçon mort à la prison du Temple n'était pas Louis XVII. Ainsi, certains pensent que, pour des raisons politiques, on aurait substitué à l'orphelin du Temple, qui serait décédé quelques mois avant, un enfant malade qui serait, lui, mort le 8 juin 1795. D'autres soutiennent que Louis XVII ne serait pas mort à la prison du Temple mais qu'il aurait été sauvé afin de préserver l'avenir de la dynastie. Il faut avouer que tout a été fait pour laisser libre cours à l'imagination des uns et des autres. Prétendument enseveli dans le cimetière Saint-Marguerite, le corps n'a jamais été retrouvé et pour cause : il a été jeté dans une fosse commune.


Dès le 12 juin, la "Gazette française" rapporte : "La mort du fils de Louis XVI a donné lieu à divers bruits, à une foule de fables plus absurdes les unes que les autres. Les uns prétendent que cette mort est un fait à plaisir, que le jeune enfant est plein de vie, qu'il y a très longtemps qu'il n'est plus au Temple et qu'une des principales conditions de la paix conclue avec la Prusse, les Chouans et les Vendéens était de confier ce jeune orphelin aux puissances étrangères. D'autres assurent au contraire qu'il y a plus d'un an qu'ils avaient la certitude que l'enfant était mort empoisonné. Le plus grand nombre des incrédules, cependant, reportent tout l'odieux d'un crime imaginaire sur le gouvernement."
Les faux dauphins

Au fil du temps, une multitude d'imposteurs ont prétendu être Louis-Charles de France ou descendre de lui. Parmi eux, les plus célèbres restent Jean-Marie Hervagault, Mathurin Bruneau, Claude Perrin et Karl-Wilhem Naundorff.

  • Jean-Marie Hervagault, le premier imposteur

Le premier "faux dauphin" à se manifester est Jean-Marie Hervagault. D'origine modeste, fils d'un tailleur de Saint-Lô, c'est un spécialiste du changement d'identité. Son physique avenant lui permet toutes les audaces. Au cours de ses pérégrinations, il s'invente des origines prestigieuses, se faisant passer tantôt pour le fils du prince de Monaco, tantôt pour celui du duc de Madrid, ou encore pour le neveu du comte d'Artois et de Marie-Antoinette. Parfois, il va jusqu'à se travestir en jeune fille. En 1801, il n'a guère de mal à convaincre une poignée de nobles champenois qu'il est le légitime héritier du Trône. Le triomphe est bref. Le 16 septembre 1801, à Vitry-le-François, il est arrêté. En 1806, la justice l'intègre au bataillon colonial garnissaire de Belle-Ile mais il parvient rapidement à s'enfuir. Traqué par la police, il est à nouveau incarcéré et meurt à la prison de Bicêtre le 8 mai 1812.

  • Mathurin Bruneau
Sabotier et prince de sang

Mathurin Bruneau né à Vézins, fils d'un sabotier angevin, se fait passer pour un mendiant de naissance royale. En 1802, il se rend au château d'Angrie où il se fait héberger et soigner comme un prince par M. de Turpin, auprès de qui il se fait passer pour le Dauphin. Quelques mois plus tard, la supercherie est découverte par les châtelains voisins. On le retrouve ensuite fantassin puis voleur à New York et à Baltimore. En 1815, de retour d'Amérique, il réclame le trône à son "oncle", Louis XVIII, qui, bien sûr, le lui refuse. Il tente alors de prouver sa véritable identité en écrivant à sa "sœur" la Duchesse d'Angoulême qui lui envoie une liste de questions auxquelles elle seule et son véritable frère pourraient répondre. Il n'a jamais reçu cette lettre conservée aujourd'hui aux Archives Nationales. Emprisonné au Mont St-Michel pendant cinq ans, il y meurt en 1825.

  • Claude Perrin
Le caméléon

Tout comme les autres "faux dauphins", Claude Perrin est un aventurier. On ne sait comment il parvient à se faire délivrer, à Arles, un passeport sous le nom de Louis-Charles Bourbon. En 1820, il est arrêté dans la principauté de Modène et écroué, sans être passé en jugement, à la prison Santa-Margharita. Une fois relâché, on le retrouve sous le nom de Baron Augustin Pictot, Colonel Gustave, Henri Hébert ou encore Comte de Richemont. Dénonçant l'arrivée de Louis-Philippe au pouvoir, il se fait remarquer et est enfermé à Sainte-Pélagie en 1833. Inculpé de cinq chefs d'accusation dont "complot contre la vie du roi et la sûreté de l'Etat", il comparaît en octobre 1834 devant les assises de la Seine. Condamné à douze ans de détention, il s'évade aussitôt. Se proclamant duc de Normandie, il finit tranquillement sa vie, allant de château en château et abusant les uns et les autres. Il s'éteint en 1853, auprès de la comtesse d'Apcher, chez qui il s'est établi.

  • Karl-Wilhelm Naundorff
Le plus crédible

D'origine prussienne, Karl-Wilhelm Naundorff, horloger à Spandau, faux-monnayeur à Brandebourg, fondateur d'une secte teintée de christianisme à Londres, a fréquenté toutes les prisons d'Europe. Après avoir tenté en vain d'être reçu, à Prague, par la duchesse d'Angoulême, sœur de Louis XVII, il débarque à Paris en 1833 et parvient a se faire reconnaître comme étant le Dauphin par l'ancienne femme de chambre de Louis XVII. Elégant, cultivé, il rassemble un flot de partisans. En 1836, il assigne en justice la duchesse d'Angoulême, afin d'obtenir les biens revenant à Louis XVII. Il est alors expulsé en Angleterre, puis aux Pays-Bas et meurt finalement à Delft en 1845. Sur sa tombe, le gouvernement hollandais a tout de même fait graver : "Ci-gît Louis de Bourbon, Duc de Normandie." Naundorff est le seul de ces quatre imposteurs à être parvenu à convaincre un véritable cercle de fidèles de son vivant. Une mystification qui aura une suite, puisque ses descendants saisiront en vain la justice française en 1851 et 1874.


La fin d'une énigme
Les tribulations du cœur

Au moment de l'autopsie, en 1795, le docteur Pelletan, médecin-légiste, parvient à subtiliser le cœur de l'enfant avant que le corps ne soit recousu. Il le conserve dans une urne de cristal, où a été versé de l'esprit-de-vin (alcool éthylique). Dix ans plus tard, tout l'alcool présent dans l'urne s'est évaporé. Le cœur connaît alors une destinée troublée : volé par l'un des élèves du médecin, il lui est restitué avant d'être remis à Mgr de Quelen, archevêque de Paris. Fin juillet 1830, le cœur est pris par un insurgé lors des manifestations de Juillet. L'urne renfermant le cœur se brise et le cœur est perdu dans la cour de l'archevêché. L'insurgé, ayant conservé les documents accompagnant le cœur, connaît sa provenance. Il décide alors d'avertir le docteur Pelletan fils de la perte du cœur : ce dernier le retouve miraculeusement sous un tas de sable. À la mort de Philippe-Gabriel Pelletan, en 1879, le cœur entre en la possession de l'un de ses amis, Prosper Deschamps. Après de nombreuses aventures, la relique est finalement donnée au roi don Carlos d'Espagne, plus proche parent des Bourbons, en 1895, à l'occasion du centenaire de la mort de Louis XVII. Près d'un siècle plus tard, en 1975, les Bourbons d'Espagne remettent le cœur au duc de Bauffremont, président du Mémorial de France à Saint-Denis.

Le verdict de la science

En avril 2000, des tests ADN sont pratiqués par deux laboratoires de renommée internationale. Les experts, le professeur Jean-Jacques Cassiman de la KU Leuven en Belgique et le docteur Berndt Brinkmann de l'université allemande de Münster, analysent le cœur en comparant son ADN à celui de la reine Marie-Antoinette. Le verdict tombe : le cœur est celui d'un membre de la même famille. Les conclusions des recherches sont présentées à la presse le 19 avril 2000 et exposées dans un livre de l'historien Philippe Delorme, "Louis XVII, la vérité".


Le 8 juin 2004, les restes de l'enfant royal sont déposés dans l'ancienne nécropole royale de Saint-Denis. La cérémonie est organisée par le Mémorial de France à Saint-Denis et présidée par le plus proche parent actuel du Dauphin, le prince Louis de Bourbon. Sont présents de nombreux Bourbons mais aussi plusieurs ambassadeurs et personnalités (Hélène Carrère d'Encausse, Buzz Aldrin, J.J. Aillagon...). Pour la plupart des spécialistes, l'analyse ADN du cœur, conjuguée avec l'enquête menée sur son origine et ses tribulations, est suffisante pour attester de la mort du prince au Temple. Mais pour certains, des doutes subsistent toujours.

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Louis II de Bavière : Herrenchiemsee

25 Mai 2008 , Rédigé par Istvan Publié dans #Histoire



Herrenchiemsee

Ce dernier château doit être considéré comme le monument dédié à l’Absolutisme français. Reconstitution historique du Versailles de Louis XIV, Herrenchiemsee n’en n’est cependant pas une copie. L’actuel palais des rois de France a été remanié tout au long des règnes successifs, perdant donc son caractère d’origine.


Le château de Louis II n’est donc pas le Versailles que l’on visite aujourd’hui. Le roi, en 1873, acquiert « l’Île des Messieurs », nom donné à cause de la présence d’un ancien monastère, la sauvant d’une dévastation forestière programmée. Il put y faire ériger sa dernière réalisation, aidé en cela par les fonds versés par Bismarck à partir de cette année là. Si la Galerie des Glaces est chez le roi plus grande que l’original, l’Escalier des Ambassadeurschambre à coucher d’apparat a le premier rôle. Elle constitue le centre de l'édifice. Louis s’occupa à nouveau de chaque détail, surveillant tout avec minutie.


La chambre à coucher privée du souverain, comportant toujours une part de sa symbolique intime, est quant à elle plus petite que l’autre, tendue de bleu, sa couleur préférée. Un globe diffusant une lumière de la même teinte est placé devant le lit. Il fallut plus d’un an et demi pour parvenir à obtenir la couleur souhaitée. L’achèvement des travaux ne put avoir lieu à cause du manque de fonds personnels et surtout de la mort prématurée de Louis. Le parc ne fut pas terminé non plus, à l’exception de quelques fontaines. Sur les deux ailes construites du château, l’une fut détruite et l’autre resta à l’état de maçonnerie. Faute de temps, Louis ne put y résider de manière effective qu’une semaine en octobre 1885, bien qu'il se soit rendu chaque année sur place pour surveiller de près l'avancement des travaux à compter de 1878, date du début du gros-oeuvre. Ce lieu est, comme les autres, imprégné d’une grande sensualité avec la multitude de femmes nues représentées ici et là, y compris dans la salle de bain. Dans toutes ses demeures, expression la plus sincère de son Moi le plus profond, Louis fait l’apologie de l’amour partagé sentimentalement ou sensuellement entre hommes et femmes.


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Louis II de Bavière : Neuschwanstein

20 Mai 2008 , Rédigé par Istvan Publié dans #Histoire



L’idée de ce projet remonte à 1867, où, lors d’un voyage en France, Louis II visita le château de Pierrefonds. L’idée de mélanger ce style architectural néo-gothique à celui, médiéval, de la Wartburg en Thuringe donna un résultat flamboyant, sans cesse remanié par des décorateurs de théâtre, comme Christian Jank entre autres. La pose de la première pierre eut lieu en présence de Louis le 5 septembre 1869.



La forteresse qui allait naître par sa seule volonté s’éléverait à l’emplacement d’un ancien burg : Vorder et Hinter Hohenschwangau. Le nom de Neuschwanstein ne fut donné à l’édifice que l’année de la mort du roi en 1886. Jusque là, il s’agira du « nouveau château de Hohenschwangau » . Le roi suivra pas à pas sa naissance, en suggérant, imposant, dessinant, retouchant à multiples reprises, inlassablement, jusqu’à ce que le résultat s’impose de lui-même : le chef-d’œuvre.


Mélange de différents styles que seul le roi saura composer avec succès, ce château sera l’emblème et la vision sacrée du pouvoir selon Louis II. Chaque pièce, chaque détail aura son importance symbolique, trahissant çà et là l’intimité de son bâtisseur. Si sa chambre à coucher est une célébration de l’amour idéal selon Tristan et Isolde , le cabinet de travail est quant à lui un hommage à Tannhaüser succombant aux charmes de Vénus, incarnation de la femme et de l’amour sensuel dont rêve Louis, consciemment ou non. C’est dans ce lieu si étroitement lié à son Moi le plus profond que Louis vivra les heures les plus dramatiques de sa vie lors de son arrestation. Le château fut ouvert dès le Ier août 1886, soit un mois et demi après sa mort, et il est, depuis, « profané » par des millions de touristes.



Lettre de Louis II à Richard Wagner, 1864 :

« Il est dans mon intention de reconstruire la vieille ruine de château de Hohenschwangau près de la gorge de Pöllat dans le style authentique des vieux châteaux des chevaliers allemands, et je vous confesse que je regarde en avant pour vivre ce jour (dans 3 ans) ; il y aura plusieurs salles confortables et chambres d'hôtes avec une vue splendide du noble Säuling, les montagnes du Tyrol et loin à travers la plaine ; vous connaissez l'hôte vénéré que je voudrais voir là ; l'endroit est un des plus beaux qu'on peut trouver, saint et inaccessible, un digne temple pour l'ami divin qui a apporté le salut et la bénédiction au monde. Il vous rappellera également Tannhäuser (Salle des chanteurs avec une vue du château dans le fond), Lohengrin (cour de château, couloir ouvert, chemin vers la chapelle) ; ce château sera de toute manière plus beau et habitable que Hohenschwangau qui est plus loin vers le bas et qui est profané chaque année par la prose de ma mère ; ils auront leur vengeance, les dieux profanés, et viendront vivre avec nous sur les hauteurs élevées, respirant l'air du ciel. »

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La malédiction des Templiers

14 Mai 2008 , Rédigé par Istvan Publié dans #Histoire

Les textes contemporains



Le dernier maître de l'ordre du Temple, Jacques de Molay, aurait maudit ses accusateurs sur le bûcher de l'île aux Juifs à Paris, le 11 mars 1314. D'après le chroniqueur Geoffroi de Paris, sa déclaration aurait été : « Seigneurs, au moins laissez-moi joindre un peu mes mains et vers Dieu faire mes prières, car c'en est le temps et saison : je vois ici mon jugement... Dieu sait qui a tort et a péché : et le malheur s'abattra bientôt sur ceux qui nous condamnent à tort. Dieu vengera notre mort ! Seigneurs, sachez qu'en vérité tous ceux qui nous sont contraires, par nous auront à souffrir. En cette foi, je veux mourir... »


Ferrero de Ferretis rapporte vers 1330 les dernières paroles d'un templier anonyme, que ce dernier aurait prononcé face au pape durant son procès: « J'en appelle de ton injuste jugement au Dieu vrai et vivant; dans un an et un jour, avec Philippe responsable aussi de cela tu comparaitras pour répondre à mes objections et donner ta défense » A cette époque déjà, Jacques de Molay n'est plus au centre de la légende, et il en sera ainsi jusqu'au XVI°siècle: le supplice du dernier Grand Maître semble avoir moins marqué les esprits que les exécutions des autres templiers en 1310 .

L'amalgame final est réalisé par Paul Emile, dans le De Rebus Gestis Francorum publié en 1548, du moins est-ce la première version écrite que l'on en connaisse . L'appel au jugement de Dieu devient une véritable malédiction prononcée par Jacques de Molay à l'adresse de Philippe le Bel et de Clément V. Les historiens postérieurs reprendront longtemps ce thème devenu évident, comme François Mézeray (1610-1683) qui dit avoir lu (sans préciser où): "… j'ai lu que le Grand Maître n'ayant plus que la langue libre et presque étouffé de fumée, dit à haute voix : "Clément, juge inique et cruel bourreau, je t'ajourne à comparaître, dans quarante jours, devant le tribunal du Souverain Juge.".


Cette légende populaire devint une véritable tradition et elle fut remise à l'honneur par l'écrivain Maurice Druon dans son roman à succès Les Rois maudits (1955-1977)., où la malédiction devient : "Pape Clément !… Chevalier Guillaume !… Roi Philippe !… avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste jugement ! Maudits ! Maudits ! Maudits ! tous maudits jusqu'à la treizième génération de vos races."

D'autres vont plus loin, en attribuant la mort du roi de France, Louis XVI, à cette même malédiction, treize générations plus tard, le chiffre 13 agissant comme un porte-malheur. Lors de son exécution un homme se serait écrié dans le foule : "Jacques de Molay tu es vengé".


Les derniers capétiens directs


Si l'on suit Colette Beaune, « c'est parce que ceux-ci [les capétiens] étaient considérés comme maudits de leur temps qu'il fallut bien en trouver la raison et quelqu'un pour la dénoncer.»  Les évènements qui suivirent de près la mort de Molay ne purent en effet que laisser libre court aux spéculations les plus diverses.

En effet, le 20 avril 1314, mourut le pape Clément V, probablement d'un cancer des intestins.


Le même mois, le roi demande l'arrestation de ses trois brus pour adultère. Il s'agit de Marguerite, Jeanne et Blanche, toutes trois « de Bourgogne », épouses respectives des futures Louis X, Philippe V, et Charles IV. La première est reconnue coupable et enfermée à Château-Gaillard, où elle meurt en 1315. Jeanne n'est accusée que de complicité, elle retrouve sa place de reine jusqu'à la mort de son mari en 1322. La troisième termine ses jours en 1326 dans un couvent.

Suite à cette sombre affaire qui compromet le prestige de la famille royale, le roi décède le 29 novembre 1314 d'un accident de cheval au cours d'une chasse. Ses trois fils n'offrent pas un meilleur tableau. Louis X meurt en 1316 et le règne de son fils Jean Ier, né posthume, est aussi court que sa vie, du 15 au 19 novembre de la même année. Philippe V décède en 1322, n'ayant eu que des filles qui ne peuvent régner en France selon la loi de primogéniture mâle. Le dernier fils de Philippe le Bel, Charles IV se remarie deux fois après la disgrâce de Blanche, et s'éteint en 1328, ses deux fils étant morts avant lui.

Toutefois, malgré ce que dit Maurice Druon dans son roman, Guillaume de Nogaret ( le "Chevalier Guillaume!" ) est mort en mars 1313.


Mais les contemporains ne firent pas tout de suite le lien avec l'exécution des Templiers, et l'on donna entre autres raisons à cette "malédiction" apparente l'attentat d'Anagni contre Boniface VIII ou encore la tentative de Philippe le Bel d'introduire l'impôt dans le royaume de France.

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