histoire
Le mystère des templiers (XIII)

L’ordre de Montesa était un ordre militaire valencien fondé au XIV eme siècle.
Après la suppression des templiers en 1312, le roi d'Aragon, Jacques II le juste s'opposa à la décision pontificale de transfert des biens du Temple à
l'Ordre de l'Hôpital, . Après quelques affrontements, un compromis fut trouvé : dans le royaume d'Aragon et le comté de barcelone, les biens du Temple iraient à l’Hôpital, mais dans le
royaume de Valence, les biens des deux ordres seraient fusionnés dans un nouvel ordre, nommé d’après sa principale forteresse, Montesa.
Ce nouvel ordre fut confirmé par une bulle en date du 10 juin 1317, la règle le 22 novembre et avec acceptation le 3 décembre 1317, par le pape Jean XXII,
qui lui donna, à l’instar des autres ordres militaires hispaniques, la règle cistercienne, et placé sous la tutelle de l’abbaye catalane de Santa Creus. Tous les biens du Temple lui sont
transférés en 1319, lorsque ceux-ci furent jugés par le pape « non coupable et réconcilié avec la Foi. »
Le rôle fondamental de l’ordre était la défense de la frontière sud du royaume valencien.
En 1400, il absorbe l'Ordre de saint Georges d'Alafama, du royaume d’Aragon-Catalogne, dont il adopte la simple croix rouge ; c’était l’ancienne croix du Temple.
En 1487, il fut rattaché à la Couronne d’Espagne, et le roi en devint le Grand Maître en 1494.
Actuellement c’est le seul ordre religieux-militaire qui peut prétendre être le successeur légitime des Templiers depuis que l'Ordre du Christ a été
transformé par la monarchie portugaise en ordre honorifique.
Ordre du Christ (Portugal) :

L'Ordre du Christ était un ordre militaire religieux héritier des Templiers ) au Portugal. Le roi Denis I er de Portugal, forcé par le pape
qui estimait qu'il valait mieux que les possessions de l'Ordre restent entre les mains d'un Ordre plutôt que de passer entre celles du roi, ré-instaura les Templiers de Tomar en tant que
l'Ordre du Christ, principalement pour leur aide fournie pendant la Reconquista et la reconstruction du Portugal après les guerres. Le roi Denis a négocié avec le pape Jean
XXII, la reconnaissance du nouvel Ordre et le droit de ce dernier d'hériter des biens des Templiers.
Les Chevaliers de l'Ordre faisaient voeu de pauvreté, de chasteté et d'obéissance au roi. Il est difficile de dire combien de chevaliers ont continué dans le nouvel ordre; certains
historiens affirment que l'Ordre du Christ était purement et simplement l'Ordre du temple avec un nouveau nom.
- La sécularisation de l'ordre
Le pape Pie VI et Mariel Ier de Portugal ont effectué une dernière réforme l'Ordre . Cette dernière ré-établissait le couvent de Tomar comme commanderie de l'Ordre. En 1789, l'Ordre du Christ perd son caractère religieux. Depuis, exception faite du Grand Maître et du Grand Commandant, l'Ordre est constitué de six Chevaliers de la Grande Croix, 450 Commandants et un nombre illimité de Chevaliers. Les étrangers étaient exemptés des règles mais ne percevaient pas de revenus de l'Ordre. Seuls les catholiques de noble lignée pouvaient y être admis. L'Ordre du Christ a également survécu au Brésil jusqu'en 1889.
En 1834, quand le gouvernement devint anti-catholique après la défaite de ichel I er lors de la guerre civile, l'Ordre perd ses propriétés sous la monarchie
constitutionnelle. Les anciens ordres militaires furent transformés par la constitution et sa législation en de simples « Ordres du Mérite ». Les privilèges associés à l'appartenance à
l'Ordre furent eux aussi abolis.
Le mystère des templiers (XII)
Conséquences et légendes
La dissolution de l'Ordre lors du concile de Vienne et ensuite la mort de Jacques de Molay marquèrent la fin définitive de l'ordre du Temple. Les
biens templiers, en particulier les commanderies, furent reversés par la bulle papale Ad Providam en majeure partie à l'Ordre de l'Hôpital, sauf dans leroyaume de Valence où ils passèrent au
nouvel Ordre de Montesa, fondé en 1317, et au Portugal où ils passèrent à l'Ordre du Christ, fondé en 1319 (Ordre du Christ dont on verra la croix sur les voiles des navires de Christophe
Colomb lors de sa traversée de l'Atlantique en 1492). Ces deux ordres sont les seuls "successeurs légitimes du Temple".
En ce qui concerne Philippe Le Bel, la chute de l'ordre lui permit de renflouer les caisses de l'état et le déficit du Trésor aurait alors été comblé pour plusieurs années. Ce n'était d'ailleurs pas la première fois que ce genre de procédé était utilisé. Ainsi, cela avait déjà été le cas à la suite des mesures prises contre les Lombards en 1307 et 1309 et aussi après l'expulsion des juifs et la saisie de leurs créances.
La nationalisation de l'administration financière du royaume, voulue alors par le roi afin de ne plus dépendre d'étrangers (que ce soit des lombards, des juifs ou des templiers, ces derniers échappant à la sphère du pouvoir royal) fut une autre conséquence de la disparition de l'ordre. Cette dernière conséquence rentrait dans le cadre du renforcement du pouvoir de l'état, processus qui fut une pièce maîtresse du règne de Philippe le Bel.
La fin tragique des Templiers a contribué à générer des légendes à leur sujet. Celles-ci vont des rumeurs au sujet de leur association avec le
Saint-Graal , jusqu'aux interrogations à propos de leurs liens éventuels avec les francs-maçons. De plus, certains groupements ou sociétés secrètes, tels que le Prieuré de Sion, la
Rose-Croix ou encore certaines sectes, telles que l'Ordre du Temple solaire ou l'Ordo Templi Orientis, se réclameront par la suite de l'ordre, affirmant leur filiation en s'appuyant sur une
pseudo-survivance de l'ordre ou en usurpant l'habit templier et en reprenant certains rites.
Nous évoquerons dans de prochains articles la survie de cette ordre et les légendes qui en decoulent.
Le mystere des templiers (XI)
Puisque tous les Templiers du Royaume de France avaient été arrêtés, Philippe IV le Bel enjoignit les souverains européens (Espagne et
Angleterre) à faire de même. Tous refusèrent car ils craignaient les foudres du pape. Le roi de France n'en fut pas découragé et ouvrit donc le procès des Templiers.
Cependant, l'ordre du Temple était un ordre religieux et ne pouvait subir à ce titre la justice laïque. Philippe le Bel demanda donc à son confesseur,
Guillaume de Paris, aussi Grand Inquisiteur de France, de procéder aux interrogatoires des cent trente-huit Templiers arrêtés à Paris. Parmi ces chevaliers, trente-huit moururent sous la torture,
mais surtout le début des « aveux » avait été enclenché. Parmi les péchés revenant le plus souvent, l'Inquisition entendit parler du reniement de la Sainte Croix, du reniement du
Chrits, de la sodomie et de l'adoration d'une idole (appelée le Baphomet). Seuls trois Templiers résistèrent à la torture et n'avouèrent aucun comportement obscène.
Afin d'essayer de protéger l'ordre du Temple, le pape Clémént V fulmina la bulle "Pastoralis praeminentiae" qui ordonnait aux souverains européens d'arrêter
les Templiers qui résidaient chez eux et de mettre leurs biens sous la gestion de l'Église. De plus, le Pape demandait à entendre lui-même les Templiers à Poitiers. Mais, la plupart des
dignitaires étant emprisonnés à Chinon, le roi Philippe le Bel prétexta que les prisonniers (soixante-douze en tout et triés par le roi lui-même) étaient trop faibles pour faire le voyage. Le
pape délégua alors deux cardinaux pour aller entendre les témoins à Chinon. Il nous parviendra un document appellé le manuscrit ou parchemin de Chinon qui donne l'absolution aux responsables de
l'Ordre du Temple.
La première commission pontificale eut lieu le 12 novemnre 1309 à Paris. Elle avait pour but de juger l'ordre du Temple en tant que personne morale et non comme personne physique. Pour ce faire, elle envoya dès le 8 août une circulaire à tous les évêchés afin de faire venir les Templiers arrêtés pour qu’ils comparaissent devant la commission. Un seul frère dénonça les aveux fait sous la torture : Ponsard de Gisy, précepteur de la comanderie de Payns. Le 6 février 1310, quinze Templiers sur seize clamèrent leur innocence et furent bientôt suivis par la plupart de leurs frères.
Le roi de France souhaita alors gagner du temps et fit nommer à l'archiépiscopat de Sens un archevêque qui lui était totalement dévoué : Philippe de Marigny.
Celui-ci envoya cinquante-quatre Templiers au bûcher le 12 mai 1310, suite à leurs aveux extorqués sous la torture en 1307. Tous les interrogatoires furent terminés
le 26 mai 1311.
Le concile de Vienne :

Le 22 mars 1312, le Pape fulmina la bulle Vox in Excelso qui ordonnait l'abolition définitive de l'ordre. Pour ce qui est du sort des Templiers et de leurs biens, le pape fulmina deux autres , l'une concernait les biens du Temple qui furent légués en totalité à l'ordre de l'Hôpital (à l'exception de l'Espagne et du Portugal , où deux ordres naquirent des cendres de l'ordre du Temple, l'Ordre de Montesa et l'Ordre du Christ), et l'autre déterminait le sort des hommes. Ceux ayant avoué ou ayant été déclarés innocents se verraient attribuer une rente et pourraient vivre dans une maison de l'ordre alors que tous ceux ayant nié ou s'étant rétractés, subiraient un châtiment sévère (la peine de mort).
Toutefois, le sort des dignitaires de l'ordre du Temple restait entre les mains du pape.
Le sort des dignitaires :Une commission pontificale fut nommée le 22 décembre 1313. Elle était constituée de trois cardinaux et d'avoués du roi de France et devait statuer sur le sort des quatre dignitaires de l'ordre. Devant cette commission, ils réitérèrent leurs aveux. Les quatre Templiers furent amenés sur le parvis de Notre Dame de Paris afin que l'on leur lût la sentence. C'est là que Jacques de Molay, maître de l'ordre du Temple, Geoffroy de Charnay, Hugues de Pairaud, visiteur de France et Geoffroy de Goneville apprirent qu'ils étaient condamnés à la prison à vie.
Toutefois, Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay clamèrent leur innocence. Ils avaient donc menti aux juges de l'Inquisition, furent déclarés relaps et
devaient subir une autre sentence.
Le lendemain, Philippe le Bel convoqua son conseil et, faisant fi des cardinaux, condamna les deux Templiers au bûcher. Ils furent conduits sur l'Ile aux
juifs afin d'y être brûlés
vifs.
Les dernières paroles du maître de l'ordre furent : « […] Je vois ici mon jugement où mourir me convient librement; Dieu
sait qui a tort, qui a péché. Il va bientôt arriver malheur à ceux qui nous ont condamné à tort : Dieu vengera notre mort. […] » Proclamant jusqu’à la fin son innocence et celle
de l'ordre, Jacques de Molay s'en référa donc à la justice divine et c'est devant le tribunal divin qu'il assignait ceux qui sur Terre l'avaient jugé. ».

Le mystère des templiers (X)
La chute de l'ordre
La chute de l'ordre du Temple fait également l'objet d'une polémique. Elle serait le fait du roi de France Philippe IV le Bel qui aurait agi dans le but unique de s'approprier le trésor des Templiers. Cependant, les raisons pour lesquelles l'ordre a été éliminé sont beaucoup plus complexes et celles exposées ci-dessous n'en représentent probablement qu'une infime partie.

- Les raisons
L'une des premières raisons fut la perte de la ville de Saint Jean d'Acre, qui entraîna celle de la Terre sainte. En effet, le 28 mai 1291, les croisés perdirent Acre à l'issue d'une bataille sanglante. Les chrétiens furent alors obligés de quitter la Terre Sainte et les ordres religieux tels que les Templiers ainsi que les Hospitaliers n'échappèrent pas à cet exode. La maîtrise de l'ordre fut déplacée à Chypre. Or, une fois expulsé de Terre sainte, avec la quasi-impossibilité de la reconquérir, la question de l'utilité de l'ordre du Temple s'est posée car il avait été créé à l'origine pour défendre les pèlerins allant à Jérusalem sur le Tombeau du Christ.
Une querelle opposait également le roi de France Philippe IV le Bel au pape Boniface VIII, ce dernier ayant affirmé la supériorité du pouvoir pontifical sur
le pouvoir temporel des rois, en publiant une bulle pontificale en 1302 : Unam Sanctam. La réponse du roi de France arriva sous la forme d'une demande de concile aux fins de destituer le pape,
lequel excommunia en retour Philippe le Bel et toute sa famille.
Or, à la suite de la chute d'Acre, les Templiers se retirèrent à Chypre puis revinrent en Occident occuper leurs commanderies. Les Templiers possédaient des richesses immenses, augmentées par les biens issus du travail de leurs commanderies (bétail, agriculture…) mais (surtout ?) ils possèdaient une puissance militaire équivalente à quinze mille hommes dont mille cinq cents chevaliers entraînés au combat, force entièrement dévouée au pape. Par conséquent, une telle force ne pouvait que se révéler gênante pour le pouvoir en place. Il est à ajouter que les légistes royaux, formés au droit romain, cherchaient à exalter la puissance de la souveraineté royale. Or, la présence du Temple en tant que juridiction pontificale limitait grandement le pouvoir du roi sur son propre territoire.
Enfin, certains historiens prêtent une part de responsabilité dans la perte de l'ordre à Jacques de Molay, maître du Temple élu en 1393 à Chypre après la
perte de Saint-Jean d'Acre. En effet, suite à la perte d'Acre, un projet de croisade germa de nouveau dans l'esprit de certains rois chrétiens mais aussi et surtout dans celui du pape Clément V.
Le pape désirait également une fusion des deux ordres militaires les plus puissants de Terre Sainte et le fit savoir dans une lettre qu'il envoya à Jacques de Molay en 1306. Le maître y répondit
par une autre lettre dans laquelle il s'opposait à cette idée, sans pour autant être catégorique. Cependant, les arguments qu'il avança pour étayer ses propres idées étaient bien minces …
Le pape Clément V nomme en 1308 des commissions pontificales chargées d'enquêter sur l'ordre, en marge de la procédure séculière engagée par Philippe le
Bel.
L'idée de détruire l'ordre du Temple était déjà présente dans l'esprit du roi Philippe IV le Bel, mais ce dernier manquait de preuves et d'aveux afin d'entamer une procédure. Ce fut chose faite grâce à un atout majeur en la personne d'un ancien Templier : Esquieu de Floyran. Celui-ci avoua en 1305 au roi de France les pratiques obscènes des rites d'entrée dans l'ordre et Philippe le Bel, personnage très pieux, fut choqué par de tels actes. Il écrivit donc au Pape pour lui faire part du contenu de ces aveux.
En même temps,jacques de Molay, au courant de ces rumeurs, demanda une enquête pontificale au pape. Ce dernier la lui accorda le 24 août 1307. Cependant, Philippe le Bel était pressé. Il n'attendit pas les résultats de l'enquête et dépêcha des messagers le 14 septembre 1307 à tous ses sénéchaux et baillis, leur donnant des directives afin de procéder à l'arrestation massive des Templiers en France au cours d'une même journée, le vendredi 13 octobre 1307. Le but de cette action menée sur une journée fut de profiter du fait que les Templiers étaient disséminés sur tout le territoire et ainsi d'éviter que ces derniers, alarmés par l'arrestation de certains de leurs frères, ne se regroupassent et ne devinssent alors difficiles à arrêter.
Au matin du 13 octobre 1307, Guillaume de Nogaret et des hommes d'armes pénétrèrent dans l'enceinte du temple de Paris où résidait le maître de l'ordre Jacques de Molay. À la vue de l'ordonnance royale qui justifiait cette rafle, les Templiers se laissèrent emmener sans aucune résistance. À Paris, il fut fait 138 prisonniers, en plus du maître de l'ordre.
Un scénario identique se déroula au même moment dans toute la France. La plupart des Templiers présents dans les commanderies furent arrêtés. Ils
n'opposèrent aucune résistance. Quelques-uns réussirent à s'échapper avant ou pendant les arrestations. Les prisonniers ont été enfermés pour la plupart à Paris, Caen, Roeun et au château de
Gisors. Tous leurs biens furent inventoriés et confiés à la garde du Trésor royal.
Ceux qui, en 1306, avaient recueilli Philippe Iv le Bel pendant les émeutes de Paris se retrouvaient maintenant enfermés en attendant leur procès.
le mystere des templiers (IX)
- Le patrimoine des Templiers
L'ordre du Temple possédait principalement deux types de patrimoines bâtis : des monastères appelés commanderies situés en Occident et des forteresses situées au Proche-Orient et dans la péninsule ibérique.
La maison du Temple de Jérusalem :
La maison du Temple à Jérusalem fut le siège central de l'ordre depuis sa fondation en 1129 jusqu'en 1187 , date de la chute de la ville sainte reprise par Saladin. Le siège central fut alors transféré à Acre, ville portuaire du royaume de Jérusalem. À la perte de la ville par les chrétiens en 1291, le siège de l'ordre fut à nouveau transféré dans la terre chrétienne la plus proche, l'île de Chypre. C'est à Chypre que vivait Jacques de Molay, le dernier maître de l'ordre avant son retour en France pour y être arrêté. Le siège de l'ordre n'a jamais été installé en Occident.
Les forteresses orientales :
Pour pallier la faiblesse de leurs effectifs, les croisés entreprirent la construction de forteresses dans les États latins d'Orient. Les Templiers ont
participé à cet élan en faisant édifier pour leur besoin de nouveaux châteaux forts. Certains d'entre eux permettaient de sécuriser les routes fréquentées par les pèlerins chrétiens autour
de Jérusalem. Servant d'établissement à la fois militaire, économique et politique de l'ordre, la place forte représentait pour les populations musulmanes un centre de domination
chrétienne.
Au XIIIe siècle, dans le royaume de Jérusalem,
les Templiers possédaient quatre forteresses : le château Pèlerin, la forteresse de Safed, le château de Sidon et la forteresse de Beaufort.
Dans le comté de Tripole, ils disposaient du château de Tortose.
Au nord, dans la principauté d'Antioche, les places fortes templières étaient Baghras, ainsi que Roche de Roisselet Roche Guillaume qu'ils
détenaient toujours.
Les forteresses ibériques :
En 1143, Raymond Béranger IV, comte de Barcelone, demanda aux Templiers de défendre l'Église d'Occident en Espagne, de combattre les Maures et d'exalter la
foi chrétienne. Les Templiers acceptèrent mais se limitèrent à défendre et pacifier les frontières chrétiennes et à coloniser l'Espagne et le Portugal. Une nouvelle population chrétienne
venait en effet de s'installer autour des châteaux donnés aux Templiers, la région étant pacifiée. La Reconquista fut une guerre royale. De ce fait, les ordres de chevalerie y étaient moins
autonomes qu'en Orient. Ils devaient fournir à l'armée royale un nombre variable de combattants, proportionnel à l'ampleur de l'opération militaire en cours.
L'action de l'ordre du Temple dans la péninsule
ibérique fut donc secondaire, car l'ordre tenait à privilégier ses activités en Terre sainte. Cependant, il possédait bien plus de places fortes dans la péninsule ibérique qu'en
Orient.
Les forteresses dans l'Europe de l'Est:
La différence de l'Orient et de la péninsule ibérique où les Templiers faisaient face aux musulmans, l'Europe de l’Est, où les ordres religieux-militaires
étaient également implantés, les a confrontés au paganisme. En effet, les territoires de la Pologne de la Bohême, de la Moravie de la Hongrie formaient un couloir de paganisme, constitué de
terres sauvages en grande partie non encore défrichées, pris en tenailles entre l'Occident catholique et la Russie orthodoxe. La christianisation catholique, qui nous intéresse ici, se faisait à
l'initiative de la papauté mais avec le soutien des princes germaniques convertis (qui y voyaient l'occasion d'agrandir leurs possessions terrestres en même temps que de renforcer les chances de
salut pour leur âme).
Tout au long du XIII éme siècle, la présence des Templiers en Europe orientale est allée en augmentant et on compta jusqu’à quatorze établissements et deux forteresses templières.
Cependant, les Templiers cédèrent rapidement la place à l'ordre teunotique dans la lutte contre le paganisme dominant ces régions
reculées.
Autre région d'Europe orientale, mais plus méridionale, la Hongrie dut faire face tout comme la Pologne aux
invasions dévastatrices des Mongols aux alentours de 1240. Présents là aussi, les Templiers envoyaient des informations aux rois occidentaux sans pour autant arriver à les alerter suffisamment
pour qu'une réaction volontaire et efficace fût déclenchée.
Les commanderies :
Une commanderie était un monastère dans lequel vivaient les frères de l'ordre en Occident. Elle servait de base arrière afin de financer les activités de l'ordre en Orient et d'assurer le recrutement et la formation militaire et spirituelle des frères de l'ordre. Elle s'est constituée à partir de donations foncières et immobilières.
La plupart des biens possédés par l'ordre du Temple provenaient de dons ou de legs. Dans les premières années de sa création, les dons fonciers ont
permis à l'ordre de s'établir partout en Europe. Tout d'abord, on peut noter que tous les hommes qui entraient dans l'ordre pouvaient faire le don d'une partie de leurs biens au Temple. Ensuite,
les dons pouvaient provenir de toutes les catégories sociales, du roi au laïc. Par exemple, le roi Henri II d'angleterre céda au Temple la maison forte de Sainte Vaubourg.
Même si les dons étaient en majorité composés de biens fonciers ou de revenus portant sur des terres, les dons de rentes ou revenus commerciaux n'étaient pas
négligeables. Par exemple Louis VIII céda en 1143-1144 une rente de vingt-sept livres établies sur les étals des changeurs à Paris.
Par essence, on peut citer tous les pays de l'Occident chrétien du Moyen Âge comme terres d'établissement de l'ordre du Temple. De même, il existait des commanderies en Orient.
On peut estimer le nombre de commanderies templières en France à 700. La qualité de ces vestiges est très diverse aujourd'hui. Très peu ont pu garder intégralement leurs bâtiments. Certaines commanderies ont été totalement détruites et n'existent plus qu'à l'état archéologique, ce qui est le cas par exemple de la commanderie de Payns dans le fief du fondateur de l'ordre. En France, trois commanderies demeurent intactes : et notamment au sud la commandrerie de la Courvertoirade.

le mystère des templiers (VIII)
Les Templiers et l'argent
-
Le prêt
Les Templiers devaient exercer une activité économique, commerciale et financière pour payer les frais inhérents au fonctionnement de l'ordre et les dépenses de leurs activités militaires en Orient. Cependant, il ne faut pas confondre cette activité avec celle de la banque. L'usure, c'est-à-dire une tractation comportant le paiement d'un intérêt, était interdite par l'Église aux chrétiens et de surcroît aux religieux.
Comme le dit l'ancien testament :
« Tu n'exigeras de ton frère aucun intérêt ni pour l'argent, ni pour vivres, ni pour aucune chose qui se prête à intérêt. »
Les Templiers prêtaient de l'argent à toutes sortes de personnes ou institutions : pèlerins, croisés, marchands, congrégations monastiques, clergé, rois et princes... Le montant du remboursement était parfois supérieur à la somme initiale lorsqu'il pouvait être camouflé par un acte de changement de monnaie. C'était une façon courante de contourner l'interdit.
Lors de la croisade de Lousi VII, le roi de France en arrivant à Antioche demanda une aide financière aux Templiers. Le roi de France écrivait à son
intendant en parlant des Templiers, « nous ne pouvons pas nous imaginer comment nous aurions pu subsister dans ces pays [Orient] sans leur aide et leur assistance.(...) Nous vous notifions
qu'ils nous prêtèrent et empruntèrent en leur nom une somme considérable.
- La lettre de change
L’activité financière de l'ordre prévoyait que les particuliers pussent déposer leurs biens lors d'un départ en pèlerinage vers Jérusalem, Saint Jacques de Compostelle ou Rome. Les Templiers inventèrent ainsi le bon de dépôt. Lorsqu'un pèlerin confiait aux Templiers la somme nécessaire à son pèlerinage, le frère trésorier lui remettait une lettre sur laquelle était inscrite la somme déposée. Cette lettre manuscrite et authentifiée prit le nom de lettre de change. Le pèlerin pouvait ainsi voyager sans argent sur lui et se trouvait plus en sécurité. Arrivé à destination, il récupérait auprès d'autres Templiers l'intégralité de son argent en monnaie locale. Les Templiers ont mis au point et institutionnalisé le service du change des monnaies pour les pèlerins.
-
Le trésor de l'Ordre
Il s'agissait d'un coffre fermé à clé dans lequel étaient gardés de l'argent, des bijoux, mais aussi des archives. Ce coffre-fort était appelé huche. Le maître de l'ordre à Jérusalem en effectuait la comptabilité avant que celle-ci ne fût transférée à la fin du XIII eme siècle au trésorier de l'ordre. Trois articles des retraits de la règle nous renseignent sur le fonctionnement financier de l'ordre. Le maître pouvait autoriser le prêt d'argent (sans intérêt) avec ou sans l'accord de ses conseillers selon l'importance de la somme. Les revenus provenant des commanderies d'Occident étaient remis au trésor du siège de l'ordre à Jérusalem.
Les commanderies de paris ou de Londres servaient de centres de dépôts pour la france et l'Angleterre., il a été retrouvé un seul coffre important, celui du visiteur de France, Hugues de Pairaud. L'argent qu'il contenait a été confisqué par le roi et a immédiatement rejoint les caisses royales Chaque commanderie pouvait fonctionner grâce à une trésorerie conservée dans un coffre. Au moment de l'arrestation des Templiers en 1307
- La garde du trésor royal
Elle a débuté en 1146 lorsque Louis VII, en partance pour la deuxième croisade, avait décidé de laisser le trésor royal sous la garde du Temple de
Paris. Par la suite, cela se développa, si bien que nombre de souverains firent confiance aux trésoriers de l'ordre. Cette pratique, qui ne mêlait en rien les activités financières du Temple et
celles de la Couronne, prit fin durant le règne de Philippe le Bel.
Une autre grande personnalité, Henri II d'Angletre , avait laissé la garde du trésor au Temple. Par ailleurs, de nombreux Templiers de la maison d'Angleterre étaient également des conseillers
royaux.
Le mystere des templiers (VII)
- Le cheval
Pour équiper son armée, l'ordre du Temple fournissait trois chevaux à chacun de ses chevaliers dont l'entretien était assuré par un écuyer. La règle précise que les frères pouvaient avoir plus de trois chevaux, lorsque le maître les y autorisait. Cette mesure visait sans doute à prévenir la perte des chevaux, afin que les frères eussent toujours trois chevaux à disposition.
Ces chevaux devaient être harnachés de la plus simple manière exprimant le vœu de pauvreté. Selon la règle (article 37) « Nous défendons totalement que les frères aient de l'or et de l'argent à leur brides, à leurs étriers et à leurs éperons ». Parmi ces chevaux se trouvait un destrier qui était entraîné au combat et réservé à la guerre. Les autres chevaux étaient des sommiers ou bêtes de somme de race comtoise ou percheronne. Ce pouvaient être aussi des mulets appelés « bêtes mulaces ». Ils assuraient le transport du chevalier et du matériel. Il y avait aussi le palefroi, plus spécialement utilisé pour les longs déplacements.
Parmi les chevaux du maître se trouvait un turcoman, pur sang arabe qui était un cheval de guerre d'élite et de grande valeur car très rapide.
- L'équipement militaire
Le noble des XII eme et XIII eme siècles devait se faire confectionner un équipement complet (vêtement et armes) pour être adoubé chevalier. Ce matériel, nécessitant essentiellement des métaux, valait une fortune et pesait environ cinquante kilos. Les chevaliers et sergents templiers devaient disposer d'un tel équipement.
La protection du corps était assurée par un écu, une cotte de maille et un heaume.
- L' Ecu (ou bouclier) de forme triangulaire, pointe en bas, était fait de bois et recouvert d'une feuille de métal ou de cuir. Il servait à protéger le corps, mais sa taille fut réduite dans le courant du XII eme siècle pour être allégé et donc plus maniable.
- La cotte de maille était constituée de milliers d'anneaux en fer d'un centimètre de diamètre entrelacés et parfois rivetés. Cette cotte était constituée de quatre parties : les chausses de mailles attachées à la ceinture par des lanières de cuir, le haubert protégeait le corps et les bras et le camail ou coiffe de mailles. Un mortier ou casquette en cuir était posé sur la tête pour supporter le heaume. Les mains étaient protégées par des gants en mailles appelés gants d'arme.
- Le heaume était sans visière mobile, ou prenait la forme d'un chapeau de fer ne protégeant pas le visage.
Le Templier recevait une épée, une lance, une masse et un couteau lors de sa réception dans l'ordre.
- Le drapeau
Le gonfanon devait être visible en permanence sur le champ de bataille et c'est pourquoi il était interdit de l'abaisser. Ce manquement grave au règlement pouvait être puni par la sanction la plus sévère, c’est-à-dire la perte de l'habit qui signifiait le renvoi de l'ordre.

-
Le saint patron

- Les Templiers vus par leurs ennemis
Le mystère des templiers (VI)
Des hommes de toutes origines et de toutes conditions constituaient le corps du peuple templier à chaque niveau de la hiérarchie. Différents textes permettent aujourd'hui de déterminer l'apparence des frères chevaliers et sergents.
L'habit :
La reconnaissance de l'ordre du Temple ne passait pas seulement par l'élaboration d'une règle et un nom, mais aussi par l'attribution d'un code vestimentaire particulier propre à l'ordre du Temple.
Le manteau des Templiers faisait référence à celui des moines cisterciens.
Seuls les chevaliers, les frères issus de la noblesse, avaient le droit de porter le manteau blanc, symbole de pureté de corps et de chasteté. Les frères sergents, issus de la paysannerie, portaient quant à eux un manteau de bure, sans pour autant que ce dernier ait une connotation négative. C'était l'ordre qui remettait l'habit et c'est aussi lui qui avait le pouvoir de le reprendre. L'habit lui appartenait, et dans l'esprit de la règle, le manteau ne devait pas être un objet de vanité. Il y est dit que si un frère demandait un plus bel habit, on devait lui donner le « plus vil ».
La perte de l'habit était prononcée par la justice du chapitre pour les frères qui avaient enfreint gravement le règlement. Il signifiait un renvoi temporaire ou définitif de l'ordre.
La croix rouge :
Il semble que la croix rouge n'ait été accordée que tardivement aux Templiers, en 1147, par le pape Eugène III. Il aurait donné le droit de la porter sur l'épaule gauche, du côté du cœur. La règle de l'ordre et ses retraits ne faisaient pas référence à cette croix. Cependant, la bulle papale Omne datum optimun la nomma par deux fois. Aussi est-il permis de dire que les Templiers portaient déjà la croix rouge en 1139. C'est donc sous la maîtrise de Robert de Craon, deuxième maître de l'ordre, que la « croix de gueule » devint officiellement un insigne templier. Il est fort probable que la croix des Templiers ait été issue de la croix de l'ordre du saint Sépulcre dont avaient fait partie Hugues de Payns et ses compagnons d'arme. Cette croix rouge était potencée, cantonnée de quatre petites croix appelées croisettes.
La forme de la croix des Templiers n'a jamais été fixée. L'iconographie templière la présenta grecque simple, ancrée, fleuronnée ou pattée. Quelle qu'ait été sa
forme, elle indiquait l'appartenance des Templiers à la chrétienté et la couleur rouge rappelait le sang versé par le Christ. Cette croix exprimait aussi le voeu permanent de croisade à laquelle
les Templiers s'engageaient à participer à tout moment. Il faut cependant préciser que tous les Templiers n'ont pas participé à une croisade.
Dans son homélie, appelée De laude nouae militae (Éloge de la nouvelle milice), Bernard de Clairveaux présente un portrait physique et surtout moral des Templiers, qui s'opposait à celui des chevaliers du siècle :
- « Ils se coupent les cheveux ras, sachant de par l'Apôtre que c'est une ignominie pour un homme de soigner sa coiffure. On ne les voit jamais peignés, rarement lavés, la barbe hirsute, puant la poussière, maculés par les harnais et par la chaleur... ».
Bien que contemporaine des Templiers, cette description était plus allégorique que réaliste, Saint Bernard ne s'étant jamais rendu en Orient. Par ailleurs,
l'iconographie templière est mince. Dans les rares peintures les représentant à leur époque, leurs visages, couverts d'un heaum, d'un chapitre, d'un chapeau de fer ou d'un camail, ne sont pas
visibles ou n'apparaissent que partiellement.
Dans l'article 28, la règle latine précisait que « les frères devront avoir les cheveux ras », ceci pour des raisons à la fois pratiques et
d'hygiène dont ne parlait pas saint Bernard, mais surtout « afin de se considérer comme reconnaissant la règle en permanence ». De plus, « afin de respecter la règle sans dévier,
ils ne doivent avoir aucune inconvenance dans le port de la barbe et des moustaches. » Notons que les frères chapelains étaient tonsurés et imberbes.
La vie quotidienne :
La règle de l'ordre et ses retraits nous informent de manière précise sur ce que fut la vie quotidienne des Templiers en Occident comme en Orient. Cette vie était partagée entre les temps de prières, la vie collective (repas, réunions), l'entraînement militaire, l'accompagnement et la protection des pèlerins, la gestion des biens de la maison, le commerce, la récolte des taxes et impôts dus à l'ordre, le contrôle du travail des paysans sur les terres de l'ordre, la diplomatie, la guerre et le combat contre les infidèles.
Le mystère des templiers (V)
Protection des pèlerins et garde de reliques:
La vocation de l'ordre du Temple était la protection des pèlerins chrétiens pour la Terre Sainte. Ce pèlerinage comptait parmi les trois plus importants de la chrétienté du Moyen Age. Il durait plusieurs années et les pèlerins
devaient parcourir près de douze mille kilomètres aller-retour à pied, ainsi qu'en bateau pour la traversée de la mer Méditerranée. Généralement, les pèlerins étaient débarqués à Acre,
appelée aussi Saint Jean d'Acre, puis devaient se rendre à pied sur les lieux saints. En tant que gens d'armes , les Templiers sécurisaient les routes, en particulier celle de Jaffa à Jérusalem
et celle de Jérusalem au Jourdain. Ils avaient également la garde de certains lieux saints : Bethléem, Nazareth, le Mont des Oliviers t, le Jourdain, la colline du Calvaire et le Saint Sépulcre.
Tous les pèlerins avaient droit à la protection des Templiers. Ainsi, ces derniers participèrent aux croisades, pèlerinages armés, pour effectuer la garde rapprochée des souverains d'Occident. Aussi, en 1147, les Templiers prêtèrent main forte à l'armée du roi Louis VII attaquée dans les montagnes d'Asie Mineure durant la deuxième (1147-1149). Cette action permit la poursuite de l'expédition et le roi de France leur en fut très reconnaissant. Lors de la troisème croisade (1189-1192), les Templiers et les Hospitaliers assuraient respectivement l'avant-garde et l'arrière-garde de l'armée de Richard Coeur de Lion dans les combats en marche. Lors de la cinquième croisade, la participation des ordres militaires, et donc les Templiers, a été décisive dans la protection des armées royales de Louis IX devant Damiette.
L'ordre du Temple a aidé exceptionnellement les rois en proie à des difficultés financières. À plusieurs reprises dans l'histoire des croisades, les Templiers renflouèrent les caisses royales momentanément vides (croisade de Louis VII), ou payèrent les rançons de rois faits prisonniers (croisade de Louis IX).
En Orient comme en Occident, l'ordre du Temple était en possession de reliques. Il était parfois amené à les transporter pour son propre compte ou bien
convoyait des reliques pour autrui. Les chapelles templières abritaient les reliques des saints auxquelles elles étaient dédiées. Parmi les plus importantes reliques de l'ordre se trouvaient le
manteau de saint Bernard, des morceaux de la couronne d'épines, des fragments de la vriae Croix.
Les sceaux templiers :
Le mot sceau vient du latin sigillum signifiant marque. C'est un cachet personnel qui authentifie un acte et atteste d'une signature. Il existe une vingtaine de sceaux templiers connus. Ils appartenaient à des maîtres, hauts dignitaires, commandeurs ou chevaliers de l'ordre au XIII eme siécle. Leurs diamètres varient entre quinze et cinquante millimètres. Le sceau templier le plus connu est celui des maîtres de l'ordre sigilum militum xristi qui représente deux chevaliers armés chevauchant le même cheval.
Le sceau symboliserait la vie commune, l'union et le dévouement.
Le transport maritime :
Le lien entre l'Orient et l'Occident était essentiellement maritime. Pour les Templiers, l'expression "outre-mer" désignait l'Europe tandis que
« l'en-deçà des mers » et plus précisément de la mer Méditerranée, représentait l'Orient. Afin d'assurer le transport des biens, des armes, des frères de l'ordre, des pèlerins et des
chevaux, l'ordre du Temple avait fait construire ses propres bateaux. Il ne s'agissait pas d'une flotte importante, mais de quelques navires qui partaient des ports de Marseille, Saint
Raphaêl, Collioure ou d'Aigues Mortes et d'autres ports italiens. Ces bateaux se rendaient dans les ports orientaux après de nombreuses escales.
Plutôt que de financer l'entretien de navires, l'ordre pratiquait la location de bateaux de commerce appelés « nolis ». Inversement, la location
de nefs templières à des marchands occidentaux était pratiquée. Il était d'ailleurs financièrement plus avantageux d'accéder aux ports exonérés de taxes sur les marchandises que de posséder des
bateaux. Les commanderies situées dans les ports jouaient donc un rôle important dans les activités commerciales de l'ordre. Des établissements templiers étaient installés à Gëne, Pise ou
Venise, mais c'était dans le sud de l'Italie, plus particulièrement à Brindisi, que les nefs templières méditerranéennes passaient
l'hiver.
Le port d'Acre était le plus important de l'ordre. La voûte d'Acre était le nom d'un des établissements possédés par les Templiers dans la ville, celui-ci
se trouvant près du port. Entre la rue des Pisans et la rue Sainte-Anne, la voûte d'Acre comprenait un donjon et des bâtiments conventuels.
Le mystère des templiers (IV)
Organisation et mission de l'ordre :
- Règle et statuts :
Après le concile de Troyes, où l'idée d'une règle propre à l'ordre du Temple a été acceptée, la tâche de la rédiger fut confiée à Bernard de Clairvaux , qui
lui-même la fit écrire par un clerc qui faisait sûrement partie de l'entourage du légat pontifical présent au concile, Jean Michel , sur des propositions faites par Hugues de
Payns.
La régles de l'ordre du Temple faisait quelques emprunts à la règle de saint Augustin mais s'inspirait en majeure partie de la règle de Saint
Benoît suivie par les moines bénédictins. Elle fut cependant adaptée au genre de vie active, principalement militaire, que menaient les frères Templiers. Par exemple, les jeûnes étaient
moins sévères que pour les moines bénédictins, de manière à ne pas affaiblir les Templiers appelés à combattre. Par ailleurs, la règle était adaptée à la bipolarité de l'ordre, ainsi certains
articles concernaient aussi bien la vie en Occident (conventuelle) que la vie en Orient (militaire).
Notons que de sa fondation et durant toute son existence, l'ordre ne s'est pas doté d'une devise.
- La réception dans l'ordre :
Les commanderies avaient, entre autres, pour rôle d'assurer de façon permanente le recrutement des frères. Ce recrutement devait être le plus large possible. Ainsi, les hommes laïcs de la noblesse et de la paysannerie libre pouvaient prétendre à être reçus s'ils répondaient aux critères exigés par l'ordre.
Tout d'abord, l'entrée dans l'ordre était gratuite et volontaire. Le candidat pouvait être pauvre. Avant toute chose, il faisait don de lui-même. Il était nécessaire qu'il fût motivé car il n'y avait pas de période d'essai par le novicat. L'entrée était directe (prononciation des voeux) et définitive (à vie).
Les principaux critères étaient les suivants :
- être âgé de plus de 18 ans (la majorité pour les garçons était fixée à 16 ans) (article 58)
- ne pas être fiancé (article 669)
- ne pas faire partie d'un autre ordre (article 670)
- ne pas être endetté (article 671)
- être en parfaite santé mentale et physique (ne pas être estropié) (article 672)
- n'avoir soudoyé personne pour être reçu dans l'ordre (article 673)
- être homme libre (le serf d'aucun homme) (article 673)
- ne pas être excommunié (article 674)
Le candidat était prévenu qu'en cas de mensonge prouvé, il serait immédiatement renvoyé. « ... si vous en mentiez, vous en seriez parjure et en pourriez perdre la maison, ce dont Dieu vous garde. » (Extrait de l’article 668)
-
Hiérarchie :
Les Templiers étaient organisés comme un ordre monastique, suivant la règle créée pour eux par Bernard de de Clairveaux. Dans chaque pays était nommé un
maître qui dirigeait l'ensemble des commanderies et dépendances et tous étaient sujets du maître de l'ordre, désigné à vie, qui supervisait à la fois les efforts militaires de l'ordre
en Orient et ses possessions financières en Occident.
Cependant, la mission première des Chevaliers du Temple restait la protection militaire des pèlerins de Terre sainte.
L'expression « grand maître » pour désigner le chef suprême de l'ordre est apparue à la fin du XIII eme siècle et au début du XIV eme siècle dans des chartes tardives et dans les actes du procès des Templiers. Elle est
aujourd'hui largement répandue. Or, ce grade n'existait pas dans l'ordre et les Templiers eux-mêmes ne semblaient pas l'utiliser. Cependant, dans des textes tardifs apparaissent les qualificatifs de « maître souverain » ou « maître général » de l'ordre. Dans la
règle et les retraits de l'ordre, il est appelé Li Maistre et un grand nombre de dignitaires de la hiérarchie pouvaient être appelés ainsi sans
l'adjonction d'un qualificatif particulier. Les précepteurs des commanderies pouvaient être désignés de la même façon. Il faut donc se référer au contexte du manuscrit pour savoir de qui l'on
parle. En Occident comme en Orient, les hauts dignitaires étaient appelés maîtres des pays ou provinces : il y avait donc un maître en France, un maître en Angleterre, un maître en Espagne,
etc. Aucune confusion n'était possible puisque l'ordre n'était dirigé que par un seul maître à la fois, celui-ci demeurant à Jérusalem. Pour désigner le chef suprême de l'ordre, il convient de
dire simplement le maître de l'ordre et non grand maître.